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Homophobie et transphobie à l'école : "Il y a une information à faire et des réflexes à avoir"

Frédéric Potier, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT, a réagi lundi sur franceinfo alors que le ministère de l'Éducation lance une nouvelle campagne de sensibilisation contre l'homophobie et la transphobie.

Article rédigé par franceinfo
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Frédéric Potier, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT. (ST?PHANE MARC / MAXPPP)

"Il y a une information à faire et des réflexes à avoir", a expliqué lundi 28 janvier sur franceinfo le préfet Frédéric Potier, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT, alors que le ministère de l'Éducation lance lundi une nouvelle campagne de sensibilisation contre l'homophobie et la transphobie dans tous les collèges et lycées sur fond de recrudescence d'actes homophobes en milieu scolaire. "Il faut qu'on puisse aider ces parents à trouver les mots pour aborder la question de l'homosexualité" avec leurs enfants, explique Frédéric Potier.

franceinfo : L'homophobie touche près d'un élève sur cinq. SOS Homophobie a constaté en 2017 une hausse de 38% des signalements "d'actes LGBTphobes en milieu scolaire" par rapport à l'année précédente. Pourquoi une telle augmentation ?

Frédéric Potier : C'est compliqué d'y trouver des raisons absolument définitives. Je crois qu'on a d'une part, une société qui est plus beaucoup plus ouverte, beaucoup plus tolérante, beaucoup plus pluraliste, qui accepte la différence. Mais cette acceptation de la différence se conjugue aussi avec des replis identitaires. On assiste à des mouvements un peu paradoxaux : parce que ces phénomènes sont plus visibles, parce que les couples LGBT peuvent avoir des marques d'affection dans l'espace public, cela crée aussi hélas des phénomènes de rejet, de repli. Donc cela peut se traduire par des insultes, des agressions, parfois des cas de harcèlement. Il faut qu'on soit tous très vigilants, dès l'école, dès le collège, dès le lycée.

C'est la répétition d'un discours entendu qui provoque ces marques d'homophobie. A cet âge-là, on est sous influences ?

C'est une partie de cela. Il y a des clichés, des préjugés, des codes culturels. Et c'est l'âge où on se questionne. On est sur des réflexes, sur du doute, sur un âge de transition, un âge où l'enfant devient adulte. Donc, il faut être très vigilant sur cette période-là, car cela peut se traduire par des brimades, des insultes qui peuvent être très durablement ressenties et parfois aller jusqu'à des choses tragiques, avec des taux de suicide chez les jeunes trans qui sont quatre fois plus élevés que la moyenne des jeunes adultes. C'est la période de l'adolescence. On remet en cause un certain nombre de choses. On peut avoir des colères, mais il ne faut pas que cela se traduise par de la tolérance envers des comportements qui seraient extrêmement dangereux. Il y a des guides, un numéro vert pour que les victimes ou les parents puissent appeler et demander conseil.

Cela induit que les parents soient au courant. Se dire homosexuel, ce n'est pas facile à révéler à ses parents ?

Ce n'est pas quelque chose de facile. C'est quelque chose qui touche à l'intime. Il y a des parents où cela se passe très bien. Il y a des associations qui aident à cela. Mais il faut qu'on puisse aider ces parents à trouver les mots, les discours, les marques de confort et d'affection à donner à des jeunes qui sont parfois en recherche de leur identité sexuelle ou leurs orientations sexuelles. C'est quelque chose de global. Il n'y a pas de recette magique, il n'y pas de solution miracle. Mais il y a une information à faire et des réflexes à avoir.

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