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"Je suis ni une fille, ni un garçon, juste moi" : prises pour cibles sur internet, des personnes non-binaires témoignent

Arnaud Gauthier-Fawas est devenu la cible de commentaires homophobes après avoir revendiqué être "non-binaire" dans l'émission "Arrêt sur images". Franceinfo a recueilli les témoignages de personnes non-binaires. 

Article rédigé par Carole Bélingard
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un logo homme / femme dans un lieu public. (MAXPPP)

"Je ne suis pas un homme, monsieur."  L'intervention d'Arnaud Gauthier-Fawas, administrateur de l'Inter-LGBT, dans l'émission "Arrêt sur images", vendredi 29 juin, a fait le tour du web. Dans cette vidéo, Arnaud Gauthier-Fawas se revendique comme non-binaire : ni homme, ni femme. Ce militant associatif reproche alors à Daniel Schneidermann, présentateur de l'émission, de "confondre identité de genre et expression de genre" à cause de son apparence et de sa barbe. 

Cette séquence a été abondamment parodiée et commentée, notamment par des sites d'extrême droite. A tel point que Daniel Schneidermann a dénoncé, dans un post de blog"la haine" et "le sarcasme" dont Arnaud Gauthier-Fawas a fait l'objet, même s'il estime que ce dernier a été maladroit. Comment ces commentaires ont-ils été perçus par les principaux intéressés ? Franceinfo leur a posé la question.

"C'est à nous de nous définir"

A la lecture des commentaires accompagnant la séquence, le sang de Féli n'a fait qu'un tour. "Ça m'a irrité, rapporte celui qui, à 21 ans, se définit comme non-binaire. On ne prend pas la personne au sérieux. On lui enlève de l'humanité parce qu'elle dit qu'elle n'est ni homme, ni femme." Féli, non-binaire né femme, dénonce aussi le jugement émis par les internautes. "Il faudrait que les gens comprennent que ce n'est pas à eux de définir les autres. C'est à nous de nous définir nous-mêmes et ce n'est pas à remettre en cause."

Pour Axel, revendiquer être non-binaire dans un média est salutaire. "Beaucoup de personnes n'osent pas dire qu'elles sont non-binaires. C'est intéressant de le dire. Après, il y a des manières de le présenter moins sèchement", reconnaît l'adolescent de 16 ans, né femme, qui incite à la pédagogie. "Il faut répondre aux questions, car il y a un manque d'information" sur le sujet, poursuit ce lycéen de Vernon (Eure). "Au collège et au lycée, on nous parle de l'homosexualité, mais c'est tout. On ne définit pas ce que signifie LGBT [lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres]. On ne parle jamais des transgenres ou des non-binaires", abonde Kyra, 16 ans, non-binaire né homme, qui termine sa scolarité en seconde à Orléans (Loiret). 

"Ne pas avoir d'étiquette"

Pourtant les questions arrivent tôt. "Quand j'avais 12-13 ans, avec la transformation physique du corps, j'ai commencé à ressentir un mal-être", se souvient Axel. C'est au gré de ses recherches sur des forums qu'il découvre la non-binarité et trouve enfin une définition qui lui correspond. 

Je ne suis ni une fille, ni un garçon. Je suis juste moi et c'est déjà pas mal.

Axel

à franceinfo

Pour Féli, le déclic est venu il y a trois ans. "À la base, je pensais être un homme trans, mais ça ne me correspondait pas complètement", développe celui qui revendique en public le pronom "il", à l'opposé de son sexe biologique. "Découvrir la définition de non-binaireété un soulagement pour moi. Je me suis dit que je n'étais pas bizarre", poursuit-il. "Non-binaire est un terme parapluie, illustre KyraC'est une manière de ne pas avoir d'étiquette."

"M'accepter comme je suis"

Outre le fait de ne pas être cantonné à un genre, Kyra revendique le droit à changer au fil des années. "Non-binaire me correspond bien, même si le côté féminin m'attire plus pour le moment. Mais tout cela peut évoluer", confie cet adolescent qui souhaite qu'on lui attribue le pronom "elle". Pour l'heure, seule une poignée de personnes de son entourage est dans la confidence. "Je préfère attendre d'être sûre avant d'en parler à mes parents", explique-t-elle.

Quand Féli en a parlé à sa famille, cela a provoqué beaucoup d'incompréhension. "Je ne les vois plus, j'envoie juste des messages pour les anniversaires. Mais c'est important pour moi de me revendiquer comme non-binaire, c'est m'accepter comme je suis", raconte-t-il. 

Axel a aussi sauté le pas d'en parler à ses parents. "Ils font comme si ça n'existait pas. Eux, ils me voient toujours comme leur petite fille. C'est frustrant car je me dis qu'en fait, ils ne me connaissent pas." Il se dit "prêt à leur laisser du temps". En attendant, l'adolescent prend son mal en patience. "Un jour, le regard sur nous changera."

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