Singapour : la fin d'un combat de 12 ans pour Roy Tan, le premier à avoir contesté la loi criminalisant les relations homosexuelles
L'article 377A du Code pénal du pays criminalisait jusqu'à présent les relations sexuelles entre hommes. Après avoir mené la fronde, un homme a obtenu l'abrogation de cette loi, officialisée par le Premier ministre singapourien lors d'une allocution télévisée, dimanche 21 août.
C’est une affaire qui remonte à 2010 et que l’avocat singapourien maître Ravi n’est pas prêt d’oublier. "J’ai vu un homme surgir dans mon bureau en pleurant. Il était à genoux, totalement bouleversé. Il jouait gros, il était au bord de la faillite et sans aucun soutien, car il devait rester très discret", explique-t-il à franceinfo.
Cet homme en question s'appelle Tan Eng Hong, dit Roy Tan. C'est le premier Singapourien à avoir osé contester la loi interdisant les relations sexuelles entre hommes qui l’accablait en procédant à un recours constitutionnel. Si celui-ci n’a pas abouti, il a tout de même ouvert la voie à d’autres actions juridiques du même acabit, jusqu’à finalement cette annonce de la dépénalisation de l’homosexualité masculine, qui date de l'époque coloniale britannique.
Le Premier ministre Lee Hsien Loong a en effet annoncé dimanche 21 août que son gouvernement allait prochainement abroger l'article 377A du Code pénal, qui prévoit une peine maximale de deux ans d'emprisonnement pour les relations sexuelles entre hommes, même si aucune personne n'a été arrêtée ou poursuivie depuis plus d'une décennie.
"Une petite minorité chrétienne locale qui entrave ces avancées"
Mais si Me Ravi et son client ont célébré ce changement, la décision de renforcer en même temps dans la constitution la vision traditionnelle de la famille a été vécue comme une déception pour toutes les organisations LGBT locales. Le gouvernement va en effet amender la constitution pour protéger la conception du mariage telle qu'elle est actuellement définie par la loi - entre un homme et une femme. L'avocat dénonce cette mesure et rappelle que "Singapour est un centre international et un pays multi-ethnique. C’est juste une petite minorité chrétienne locale qui entrave ces avancées, et ils ne représentent pas même 10 % de la population".
À Singapour, la loi pénalisant l’homosexualité masculine était un vestige de la colonisation anglaise, comme la pénalisation du suicide, abrogée il y a deux ans. Les sanctions par coups de canne, elles, sont toujours d’actualité.
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