Légaliser la GPA en France ? A rebours de son parti, un sénateur LR demande "un débat serein et apaisé" sur la question
Le sénateur du Vaucluse Alain Milon explique à franceinfo pourquoi il a signé une tribune dans "Le Monde" demandant de "ne plus ignorer les enfants nés par gestation pour autrui".
Il se sait en contradiction avec les positions de son parti sur le sujet, mais peu importe. Le sénateur Les Républicains du Vaucluse, Alain Milon, a cosigné, avec 109 autres personnalités, une tribune, publiée le 16 janvier dans Le Monde, et intitulée "On ne peut plus ignorer les enfants nés par GPA". Les signataires demandent notamment "une réforme urgente sur la transcription de la filiation" et surtout "un vrai débat de fond sur la GPA".
Au moment où l'ouverture de la PMA (procréation médicalement assistée) à toutes les femmes doit être discutée lors des Etats généraux de la bioéthique, à partir de jeudi, une question se pose forcément : la France est-elle prête à ouvrir aussi le débat sur la GPA (gestation pour autrui) ? Franceinfo a posé la question à Alain Milon.
Franceinfo : Pourquoi avoir signé cette tribune dans Le Monde ?
Alain Milon : J'ai réalisé, pour le Sénat, un rapport positif et favorable à la GPA en 2008. J'y étais déjà favorable à l'époque, je n'ai pas changé de position. Je pense que dans la mesure où le président de la République se déclare favorable à la PMA [pour toutes], nous devons certes rediscuter sérieusement de ce dossier, mais également de la GPA.
Peut-on avoir un débat apaisé sur la GPA en France ? Ne craignez-vous pas que l'on assiste, de nouveau, à des manifestations comme celles organisées par la Manif pour tous en 2013 ?
Oui, je pense que l'on peut avoir un débat serein et apaisé en France. Je sens d'ailleurs une chose : on parle beaucoup plus facilement et librement de la GPA qu'en 2008, le dialogue est plus facile. Les manifestations auront peut-être lieu à un moment ou à un autre, mais il faudra bien que l'on en parle et je pense que le moment est venu.
On va bientôt autoriser la PMA [pour toutes], il n'y a pas de raison que l'on écarte la GPA, d'autant que la GPA existe à nos frontières. Ces enfants sont reconnus, il faut arrêter l'hypocrisie.
Alain Milon, sénateur LRà franceinfo
Et pourquoi craindre les manifs ? Je ne crains pas cela, chacun a le droit de s'exprimer, même si manifester n'est pas dans mon style.
N'avez-vous pas l'impression d'aller complètement à rebours des positions de votre parti et de celles exprimées par son nouveau chef, Laurent Wauquiez ?
Je suis dans ce parti parce qu'il y a justement une liberté de penser et une liberté d'expression. Laurent Wauquiez a ses propres positions, j'ai les miennes, il n'y a aucun problème entre nous.
On se souvient notamment de la phrase d'Aurane Reihanian, le président des Jeunes avec Wauquiez, qui disait que "les enfants nés de la PMA ne devraient même pas exister". Il avait ensuite fait marche arrière, arguant qu'il avait voulu désigner les enfants issus de la GPA...
Moi, je pense plutôt aux enfants qui meurent sur les routes ou de l'alcoolisme de leurs parents... Ça, ça ne devrait pas exister. On parle d'ailleurs des droits des enfants sans parler des droits à l'enfant. Un enfant peut vivre tout à fait bien s'il est aimé.
Comment imaginez-vous cette légalisation de la GPA ?
Il faudra que cela soit dans le cadre du don, et non de la marchandisation du corps humain. Il faudra aussi prévoir une prise en charge de la grossesse par la Sécurité sociale, ainsi qu'une prise en charge psychologique de la mère porteuse. Le cadre devra aussi être limité : pas plus d'une ou deux grossesses. J'avais fait ces propositions en 2008 à destination de couples hétérosexuels, mais à titre personnel, j'y suis aussi favorable pour les couples homosexuels.
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