Un couple de lesbiennes obligé de reconnaître les droits du père de son enfant
"Simple géniteur" au départ, le père biologique a fini par reconnaître le bébé.
Deux mois après l'ouverture de l'adoption aux couples homosexuels, un couple de lesbiennes s'est vu contraint par la justice, lundi 29 juillet à Nantes (Loire-Atlantique), de reconnaître les droits de visite et d'hébergement du père de son enfant. Celui-ci, "simple géniteur" lors de la conception, a fini par reconnaître le bébé.
"Cela bouleverse notre famille"
La mère a fait valoir devant le juge que "la famille, c'est moi et ma compagne. On n'avait pas prévu que ce monsieur viendrait revendiquer ses droits", a rapporté son avocate, Me Anne Bouillon. "Cela bouleverse notre famille", a souligné la mère, selon les propos de Me Bouillon, qui a précisé que sa cliente "n'avait pas demandé au juge de nier les droits du père".
Reste que "le projet parental initial était construit entre deux femmes", a expliqué l'avocate de la mère. Pour celle-ci, qui a précisé s'exprimer seulement au titre de ce dossier, la question posée est "ce qui fait famille, et comment les familles homoparentales doivent se préparer à composer une organisation parentale à plus de deux". "Il faut composer une coparentalité à trois", a développé Me Bouillon, alors qu'aux yeux de la justice, "il y a deux parents, la mère et le père".
"Cela pose la question de l'accès à la PMA"
Les questions soulevées concernent donc plus précisément, aux yeux de l'avocate, "la place de la compagne – et future épouse – de la maman", et son "statut de beau-parent". Ainsi, explique Me Bouillon, cette compagne "ne pourra adopter que dans le cadre de l'adoption simple [et non plénière]. Et il faut que le père consente à cette adoption".
Si ce n'est pas le cas, "elle n'aura aucun droit sur l'enfant". En conséquence, conférer à cette compagne "un statut de belle-maman, à inventer, protègerait l'enfant dans sa relation à ce parent", a fait valoir l'avocate. "Cela pose la question de l'accès à la procréation médicalement assistée", conclut Me Bouillon. Si ces deux femmes "avaient eu accès à la PMA, les choses se seraient passées différemment parce que le don de sperme est anonyme".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.