Divorce à l'Assemblée : les écologistes quittent le groupe qu'ils formaient avec les communistes
Les députés d'EELV ont décidé mardi 29 novembre de quitter le groupe qu'ils formaient à l'Assemblée avec les élus du Front de gauche. Motif invoqué : un contentieux électoral. Il révèle en creux de sérieuses divergences de fond entre les deux partis.
Le torchon brûle entre écologistes et communistes.
Les députés du Front de gauche (PCF et Parti de gauche) reprochent à leurs collègues écologistes et socialistes de présenter aux législatives un candidat commun en Seine-Saint-Denis, en l'occurrence Stéphane Gatignon (passé du parti communiste à EELV), contre le député communiste sortant du Front de gauche, François Asensi.
En réalité, les récentes discussions entre le PS et EELV autour du nucléaire ont ravivé les clivages. D'un côté, les communistes, partisans historiques de la filière nucléaire avec les emplois qui l'accompagne, de l'autre, les écologistes qui portent dans leurs gènes, sa sortie programmée.
Difficile dans un tel contexte d'éviter la scission.
L'union
L'histoire avait pourtant bien démarré. En 2007, les 4 députés Verts et leurs 16 collègues communistes s'étaient unis sous la bannière "la Gauche démocrate et républicaine" (GDR). A l'époque en effet, le seuil imposé pour former un groupe parlementaire était de 20 élus.
Depuis, la révision constitutionnelle de juillet 2008 voulue par Nicolas Sarkozy est passée par là, entraînant au passage la modification du règlement intérieur de l'Assemblée. Désormais, 15 députés sont requis pour constituer un groupe.
La crise
Lors d'une réunion mardi du groupe GDR, les députés du Front de gauche, ont annoncé que, pour riposter à la "manœuvre déloyale" que constitue à leurs yeux l'investiture de M. Gatignon, sa présidence tournante serait dorénavant exercée par leur chef de file, Roland Muzeau, en remplacement de l'écologiste Yves Cochet en partance pour le Parlement européen.
Ce coup de force n'a pas été du goût des écologistes qui l'ont fait savoir. "Nous estimons que les députés du Front de gauche ont rompu l'accord technique qui régissait le fonctionnement de GDR, et nous avons décidé de quitter le groupe", a expliqué M. Cochet.
Conséquences, Noël Mamère, François de Rugy et Anny Poursinoff, les trois députés EELV qui resteront à l'Assemblée après le départ de M. Cochet - celui-ci ne sera pas remplacé par son suppléant qui est décédé - siègeront sur les bancs des non-inscrits jusqu'aux prochaines élections législatives de juin.
Le divorce ou l'histoire d'un désaccord historique...
Les communistes ont toujours soutenu l'énergie nucléaire.
En 2007, le projet porté par la candidate communiste à la présidentielle, Marie-George Buffet, impliquait de "s'engager résolument en faveur d'une mixité énergétique, préparant la société post-pétrolière sur la base d'énergie non productrice de gaz à effet de serre : les énergies renouvelables mais également l'énergie nucléaire à propos de laquelle il faut ouvrir un débat citoyen transparent afin d'avancer grâce à la recherche vers un nucléaire propre, sécurisé, durable et surtout 100% public".
Bien avant elle, l'ancien secrétaire général du PCF et candidat à la présidentielle en 1974 et 1981, Georges Marchais, défendait encore plus nettement la filière. En 1981, dans une "Lettre ouverte aux Bretons au sujet de l'énergie nucléaire", il avait dit "sa volonté d'ici 1990 de couvrir 60 % de la consommation énergétique par les productions nationales en mettant en œuvre toutes les formes d'énergie en-particulier l'énergie nucléaire". Lors d'un meeting à Rennes à la même époque, il avait par ailleurs expliqué "la nécessité d'implanter une centrale nucléaire à Plogoff".
... que Jean-Luc Mélenchon tente d'aplanir
A l'opposé des communistes, les écologistes ont toujours été hostiles au nucléaire.
Récemment, la candidate EELV Eva Joly a réaffirmé vouloir défendre "une politique de civilisation" en demandant la sortie du nucléaire et l'arrêt de l'EPR de Flamanville (Manche).
Pour l'heure, le candidat du FG, Jean-Luc Mélenchon, partisan d'une "transition écologique", a trouvé le moyen d'éviter l'affrontement, défendant l'idée d'un grand débat public national de la politique énergétique en France qui se conclura par un référendum sur l'avenir du nucléaire.
“L'implication populaire permanente" est l'une des lignes directrices du programme du Front de Gauche, rappelle au passage le parti qui plaide par ailleurs pour un "pôle 100% public de l'énergie où les salariés et les citoyens seront étroitement associés aux décisions".
Le débat sur le nucléaire ne fait que commencer.
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