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La fusion de l'ASN et de l'IRSN va "dégrader la sûreté nucléaire", alerte la secrétaire nationale d’EELV

Marine Tondelier a qualifié sur franceinfo le projet du gouvernement de "préoccupant", rappelant que "l'Institut de radioprotection et de sûreté du nucléaire est un fleuron français".
Article rédigé par franceinfo
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Marine Tondelier, secrétaire nationale d'EELV, en janvier 2023. (BRUNO LEVESQUE / MAXPPP)

"On dégrade la sûreté nucléaire", a alerté lundi 13 mars sur franceinfo Marine Tondelier, secrétaire nationale d’Europe-Écologie Les Verts (EELV), alors que le projet de loi pour accélerer le nucléaire est examiné à l'Assemblée nationale. Le gouvernement a ajouté la réforme de la sûreté nucléaire par un simple amendement, adopté par les députés en commission, qui vise à intégrer l'IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté du nucléaire), l'expert technique, à l'ASN (Autorité de sûreté nucléaire), le gendarme des centrales.

"Le sommet de l'État a souvent été pronucléaire. Mais là, la grande nouveauté, c'est qu'ils ne sont plus lucides", affirme Marine Tondelier. "L'Institut de radioprotection et de sûreté du nucléaire est un fleuron français. Et s'il y a une sûreté nucléaire à peu près correcte en France, c'est aussi grâce à leur travail", souligne la patronne des Verts. "Comme ils font des rapports un peu alarmants, alors on les supprime pour ne pas qu'ils soient oiseaux de mauvaise augure. C'est assez préoccupant."

Des projets "inconscients, inconséquents"

Marine Tondelier rappelle que "dans le monde entier, on regarde cette corrélation, cette complémentarité entre l'IRSN, qui fait de la recherche de manière complètement autonome, et l'ASN qui est le contrôleur", alors que la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher assure vouloir renforcer les deux structures. "C'est très sain que, quand l'ASN prend des décisions, ce soit en ayant lu des rapports d'une autorité qui est complètement indépendante. C'est bicéphale et c'est salué dans le monde entier." L'écologiste estime que ce "démantèlement" annoncé fait "l'unanimité" contre lui. "Les anti-nucléaire comme moi, qui ont peur pour la sûreté nucléaire, sont inquiets. Les pro-nucléaire également sont contre en disant, 'qu'est-ce que c'est que cette affaire ?'"

"On avait confiance dans l'IRSN. Pourquoi on change quelque chose qui marche ?"

Marine Tondelier, secrétaire nationale EELV

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Marine Tondelier s'interroge également sur la construction de nouveaux EPR, voulus par Emmanuel Macron. "On nous l'a promis à Flamanville, ça devait coûter trois milliards d'euros et entrer en vigueur en 2012. Nous sommes en 2023. Cet EPR ne fonctionne toujours pas et a coûté plus de 20 milliards d'euros. Cette technologie ne marche pas." Elle juge que la France "base toutes ses stratégies énergétiques et climatiques sur un mirage : des EPR où il n'y aurait pas de problème de déchets, pas de problème de lien avec la Russie, pas de problème pour les construire, pas de problème comme si ça allait marcher maintenant".

Les EPR, une "technologie qui ne marche pas"  

La patronne d'EELV dénonce également la promesse de lancer des centrales "qui fonctionneraient jusqu'en 2100". Elle rappelle qu'Emmanuel Macron "à ses vœux, nous a dit : 'Qui aurait pu prévoir le changement climatique et ses impacts en 2022 ?'. S'il ne peut pas le prévoir pour 2022, je pense qu'il n'arrivera pas à le prévoir pour 2100 alors que les glaciers fondent 100 fois plus vite que prévu." Et Marine Tondelier s'interroge : "On va les faire fonctionner comment nos centrales nucléaires, avec des sécheresses qui feront qu'il n'y aura plus assez d'eau alors qu'on consomme plus d'eau aujourd'hui en France pour les centrales nucléaires que pour l'eau du robinet ? On va faire comment quand il y aura des risques qu'on ne peut même pas encore prévoir ?" Marine Tondelier juge les projets du gouvernent "complètement inconscients, inconséquents."

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