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Nicolas Hulot va devoir faire face au casse-tête du démantèlement nucléaire

Le nucléaire sera l’un des gros dossiers du nouveau ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot. L’industrie n’avait pas envisagé la fin de vie de ses installations et les chantiers sont complexes. Reportage au cœur du chantier de démantèlement de Chooz dans les Ardennes.

Article rédigé par Anne-Laure Barral, franceinfo - Edité par Cécile Mimaut
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Dans les galeries de la centrale de Chooz. (ANNE-LAURE BARRAL / RADIO FRANCE)

Le nucléaire sera l’un des gros dossiers du nouveau ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot. L’industrie n’avait pas envisagée la fin de vie de ses installations, et les chantiers sont complexes. Franceinfo s'est rendu au cœur du chantier de démantèlement de Chooz, dans les Ardennes.

Le reportage d'Anne-Laure Barral

Un joystick à la main et les yeux rivés sur ses écrans de vidéosurveillance, depuis sa salle de commandes, David Godefroy pilote à distance un robot Prédator. Un robot qui ne craint pas la radioactivité. À 50 mètres de l’opérateur, dans une pièce équipée de caméras et confinée, il lui obéit au doigt et à l’œil. "C’est très précis, au centimètre près", souligne-t-il. Ce robot lui permet de découper et conditionner les tuyaux, vannes et autres éléments qui ont servi à la production d’électricité. Même 26 ans après l’arrêt du réacteur, impossible non plus d’approcher la cuve. "Nous avons aussi choisi une téléopération. Cette fois les agents sont protégés des rayons ionisants par une barrière d’eau de 10 mètres de profondeur", explique Sébastien Albertini, responsable du chantier de Chooz.

Seule une centaine de personnes travaillent dans cette zone nucléaire, dont le réacteur est enterré sous une colline. Son démantèlement sert de chantier pilote à EDF. Le réacteur a été construit dans les années 60 dans des cavernes creusées dans la roche et recouverte d’acier et de béton. "Nous décontaminerons puis nous remblaierons les cavernes", explique Sylvain Granger, directeur déconstruction et déchets à EDF. Mais on comprend que les structures en béton resteront dans la roche. EDF prévoit de terminer ce chantier en 2022. Environ 65 000 tonnes de déchets seront à stocker dans des centres spécialisés, dont 20 tonnes sur celui de Cigéo, à Bure, dans la Meuse. Un site qui fait polémique et dont l’autorisation de construction n’a pas encore été donnée.

Au-dessus de la cuve de Chooz. (ANNE-LAURE BARRAL / RADIO FRANCE)

Neuf réacteurs en cours de démantèlement 

En tout, EDF a quatre autres modèles de centrales en cours de démantèlement et chacune représente un défi technique immense. En Bretagne, la centrale de Brennilis dans le Finistère, est une technologie dite à eau lourde. Arrêtée depuis 1985, son démantèlement va prendre encore une quinzaine d’années. Pire, les six réacteurs au graphite gaz construits en France dans les années 50 ne seront pas démantelés avant 2100. Abandonnés pour des questions de coût et un accident en 1969 - un début de fusion du cœur à la centrale de Saint Alban -  les eaux, les unités graphite gaz (UNGG) posent de réelles difficultés. Mais Sylvain Granger reste confiant.  "Nous avons changé de process industriel en cours de chantier et du coup cela occasionne un délai. Mais nous espérons démanteler le premier réacteur en 2060", explique-t-il.

Il y a aussi le chantier de Superphénix. Ce réacteur à neutrons rapides situé à Creys-Malville en Isère est à l’arrêt depuis 1996 après plusieurs incidents et de nombreuses manifestations d’opposants. Pour produire, la technique utilisait un fluide au sodium. "Le sodium au contact de l’air ou de l’eau pose problème. Il peut prendre feu ou dégager de l’hydrogène et provoquer une explosion", indique Gilles Giron, en charge du dossier à EDF. L’immense taille de Superphénix, qui fait vingt fois la taille d’un réacteur actuel, est aussi un défi.

Un marché évalué à 200 milliards d’euros

Ces défis prennent parfois beaucoup de temps à être surmontés alors qu’EDF souhaite démanteler dans un délai le plus court possible pour pouvoir faire une transition entre les équipes qui ont exploité la centrale et celles qui vont la déconstruire. "Nous sauvegardons un certain nombre de documents dans chaque centrale du parc mais rien ne vaut le rapport humain entre les équipes", explique Sylvain Granger.  L’électricien cherche à faire ses preuves en matière de démantèlement. Il table sur un coût entre 350 et 500 millions par réacteur. Un coût que certains rapports, comme celui de la parlementaire Barbara Romagnan, jugent sous-estimés. D’ici quelques années, plus de 300 réacteurs seront à l’arrêt dans le monde, soit un marché évalué à 200 milliards d’euros.

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