Rapport sur la sécurité nucléaire : EDF a fourni le "strict minimum" comme "information", regrette Barbara Pompili (LREM)
La Commission d'enquête parlementaire dont Barbara Pompili est rapporteure a préconisé jeudi 5 juillet 33 mesures pour rendre les centrales nucléaires plus sûres face aux risques d'accident et de terrorisme. La députée déplore le manque de coopération d'EDF.
Barbara Pompili, députée LREM de la Somme et rapporteure de la Commission d'enquête parlementaire sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires a affirmé jeudi 5 juillet sur France Inter qu'EDF avait fourni "le strict minimum" comme "informations" sur la sécurité des installations nucléaires. "On n'a pas eu tout ce qu'on a demandé" au nom du "secret défense", a souligné la députée qui présente ce jeudi un rapport qui préconise une trentaine de mesures pour rendre les centrales nucléaires plus sûres face aux risques d'accident et de terrorisme.
"On a eu en face de nous des personnes plus ou moins coopératives. Orano [ex-Areva] a été très coopératif. Ils nous ont aidés. Ils nous ont ouvert toutes les portes. Ils nous ont donné des documents importants," détaille la députée. "EDF, cela a été plus difficile parce qu'on sent que c'est dans leur culture de ne pas fournir des informations. Ils nous en ont fourni certaines parce qu'ils étaient obligés. On a eu le strict minimum et on n'a pas eu tout ce qu'on a demandé", a-t-elle affirmé.
La commission avait été lancée début février pour faire le point sur les enjeux de sûreté et de sécurité. Pendant ces cinq mois d'enquête, "le gouvernement n'est jamais intervenu pour nous empêcher de faire quoi que ce soit. Il y a vraiment eu une séparation des pouvoirs très nette", a-t-elle tenu à préciser.
"On nous dit toujours, 'ne vous inquiétez pas nos centrales nucléaires sont extrêmement sûres'. On a simplement regardé s'il y avait des failles. On a trouvé un certain nombre de failles" a-t-elle affirmé. Le rapport publié ce jeudi commence d'ailleurs par un préambule plutôt inquiétant affirmant que "le moindre incident peut avoir des conséquences catastrophiques pour des millions de personnes pendant des dizaines de milliers d'années".
Le rapport pointe également l'utilisation excessive de la sous-traitance : "Je n'avais pas pris la mesure du recours massif à la sous-traitance sur les installations nucléaires. On est à 80% de sous-traitance que les centrales soient en fonctionnement ou en maintenance." Du coup, "on a une perte de compétence, on a des problèmes de pertes d'informations, on a des problèmes de contrôle", explique Barbara Pompili.
Les parlementaires se sont souvent heurtés au secret-défense
Le risque terroriste est aussi évoqué dans le rapport parlementaire, mais les députés n'ont pas eu les réponses espérées : "Aujourd'hui en tant que représentante du peuple français, qui suis supposée avoir accès à tout, je ne peux pas répondre à cette question de manière catégorique. Nous avons eu des réponses qui étaient plutôt rassurantes, notamment sur les questions de cybercriminalité", a-t-elle souligné.
Les parlementaires se sont souvent heurtés au secret-défense : "On nous a dit que des tests ont été faits suite à ce que Greenpeace avait dit sur les risques de certaines armes qui pouvaient creuser des trous dans les murs des piscines des réacteurs. Quand on a dit, 'vous avez fait des tests, montrez-les nous qu'on puisse voir par nous-même', c'est secret défense ! Quand on nous dit 'l'épaisseur des murs est suffisante', est-ce qu'on peut voir les plans pour pouvoir se faire une idée, c'est secret-défense !" a-t-elle expliqué. "On nous demande de faire confiance" mais "un député dans une démocratie ne fait pas confiance, il vérifie", a-t-elle ajouté.
Greenpeace France a fait crasher volontairement mercredi un drone sur une piscine de la centrale nucléaire de Bugey (Ain) pour démontrer la vulnérabilité des installations nucléaires en France : "Les systèmes d'interception des drones qui sont en train d'être mis en place ne sont pas au point manifestement", a-t-elle admis.
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