: Reportage Sûreté nucléaire : le projet de fusion entre l'ASN et l'IRSN "arrive au pire moment", dénoncent des salariés
La ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a présenté merdredi 20 décembre en conseil des ministres son projet de loi pour réformer la gouvernance de la sûreté nucléaire. Cette sûreté repose pour l’instant sur deux piliers : l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
L’IRSN rend des expertises techniques et scientifiques pour éclairer les décisions de l'ASN. La réforme prévoit une fusion de ces deux organismes à partir de 2025, pour "plus de fluidité" selon le gouvernement. Le projet se heurte à l'opposition d'associations, d'élus et des premiers concernés. Près de 200 salariés de l’IRSN ont manifesté mercredi matin dans Paris.
"Ça nous désorganise"
Ces salariés dénoncent le projet de fusion, d’abord sur le fond pour leur indépendance : "Si l'autorité contrôle l'expertise, la confiance du public ne sera plus de mise." Et sur la forme, les experts en sureté nucléaire, comme Marie Zamarreno, redoutent une grande désorganisation au moment où, tous doivent être pleinement mobilisés sur la relance de la filière nucléaire. "La France va construire des EPR II et envisage de se lancer sur les SMR, des petits réacteurs. Donc la France a à un certain nombre de défis et a besoin de leurs experts pour leur donner leur avis sur ce que les industriels vont présenter. Et là, ça nous désorganise", craint-elle.
"Les gens sont très déstabilisés, c'est très difficile mentalement."
Marie Zamarreno, salariée de l'IRSNà franceinfo
Les syndicats préviennent que l'organisation au sein de cette nouvelle structure sera difficile. "Fusionner les systèmes d'information, définir de nouvelles procédures communes, tout ça va prendre du temps, explique François Jeffroy, délégué CFDT de l’IRSN. Et pendant ce temps-là, on ne traite pas les dossiers ou pas avec la même intensité, la même rapidité, alors qu'en ce moment les dossiers on les a déjà sur les EPR II. Sur les SMR (des petits réacteurs), on est déjà en train d'instruire. Ce projet de fusion arrive au pire moment." Le représentant de l’intersyndicale appelle donc les parlementaires à rejeter la réforme. Ce texte sera d’abord examiné au Sénat en février 2024.
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