"On ne combat pas l'antisémitisme et le racisme avec des discours politiques" (Jacques Fredj)
Il y a 70 ans prenait fin le macabre programme d'extermination des juifs orchestré par le régime d'Hitler, avec la libération des camps nazis. La Shoah aura liquidé près de 6 millions de juifs. Une histoire enseignée à l'Ecole, pour le devoir de mémoire, qui prend une résonnance particulière aujourd'hui, quelques jours après l'attentat perpétré au supermarché HyperCacher de la porte de Vincennes, qui a fait 4 victimes. L'éducation, un enjeu central, rappelle Jacques Fredj, directeur du mémorial de la Shoah.
"On ne combat pas l'antisémitisme et le racisme dans les écoles avec des discours politiques "
"C'est fondamental parce que par rapport à cette thématique immense qu'est l'antisémitisme, la question, c'est comment on le combat ? Est-ce qu'on le combat avec des sanctions uniquement ? Non, on le sait bien. On voit bien qu'aujourd'hui la thématique de l'éducation est sur toutes les lèvres. Mais on ne combat pas l'antisémitisme et le racisme dans les écoles avec des discours politiques. Il faut forcément des points de référence, il faut un enseignement, une réflexion à partir d'exemples concrets et forcément on est amené à revenir vers l'histoire, l'histoire de la Shoah mais aussi des génocides en général, pour montrer ce que l'Homme a été capable de faire. Et surtout pour comprendre les mécanismes. Nous on parle de travail d'histoire ".
Jacques Fredj en est persuadé, la méthode la plus efficace, c'est bien de faire de la pédagogie. Et elle porte ses fruits, explique-t-il.
"Nous, au mémorial de la Shoah, on est convaincus du résultat, on voit les choses avancer. Quand on fait un voyage à Auschwitz avec une classe, je peux vous dire que quels que soient les enfants, la classe sociale, quand on propose ce projet, ponctué d'une très grande préparation et d'un prolongement pédagogique, ça marche ! Parce qu'un enfant n'est pas raciste ou antisémite, il ne peut pas l'être, c'est impossible, et donc on peut travailler sur ce terrain ".
Préserver à tout prix l'unité nationale
Le défi, l'urgence, pour le directeur du mémorial de la Shoah, c'est de préserver à tout prix l'unité nationale formée ces derniers jours.
"On est dans une société fermée, clivée et donc les gens restent entre eux, ne vont pas les uns à la rencontre de l'autre. Je pense que cet élan de fraternité qu'on a vécu en France dans cette grande manifestation, il faut le prolonger. Il faut montrer que ce qui nous rassemble c'est d'être Français et qu'il y a de la place pour tout le monde, qu'il y a une mosaïque d'histoires, de religions. La difficulté c'est qu'aujourd'hui une population qui est elle-même victime de discrimination est capable d'être productrice de racisme et d'antisémitisme ".
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