Plan grand froid : répondre à l’urgence ne suffit pas (Médecins du Monde)
Alors que les températures vont baisser en France à partir de ce week-end, les personnes sans abri devraient pouvoir bénéficier des centres d’hébergement d’urgence ouverts dans le cadre du plan grand froid, comme à Calais par exemple où un hangar aménagé doit pouvoir accueillir 500 migrants cette nuit et la nuit prochaine.
Mais le plan grand froid n’est déclenché que lorsque les températures sont négatives et il est limité dans le temps, ce qui fait réagir Jean-François Corty, directeur des opérations France de Médecins du Monde. "C’est difficile d’admettre que lorsqu’on a des températures entre 0 et 5 degrés, on a des femmes, des malades, qui doivent encore rester dormir dehors ", déplore-t-il.
Des gens qui souffrent de pathologies de la grande précarité
Selon lui, la réponse n’est pas adaptée à la réalité des besoins. "Sur ces personnes qui vivent à la rue, on est sur des profils qui sont très variés. On a de plus en plus de familles qui quand elles sont en demande d’asile, se retrouvent bien souvent dans la rue parce que *les centres d’accueil sont saturés (20.000 places pour 50.000 demandes chaque année)."
"Donc on doit faire face à une diversité de personnes avec des pathologies de la grande précarité. Des personnes qui ont du mal à se laver, à avoir accès à de l’eau potable et bien-sûr à se loger. On a des infections digestives, des infections de la peau et puis beaucoup de personnes qui ont des troubles psychologiques, voire psychiatriques lourds, c’est près de 30% des personnes dans la rue* ", poursuit le médecin.
"On meure autant dans la rue en hiver qu’en été"
"Donc ce que l’on constate concrètement c’est que cette gestion au thermomètre, qui consiste à ouvrir ou fermer en hiver des dispositifs ne répond pas à la réalité des besoins. On meure autant dans la rue en hiver qu’en été ! Il faut plus de lieux d’hébergements qui répondent à la diversité des besoins et des dispositifs qui puissent permettre à différentes familles de pouvoir s’y retrouver et pouvoir mettre à l’abri leurs enfants ", lance Jean-François Corty.
La loi ALUR "déconstruite"
On estime à 150.000 le nombre de personnes sans domicile fixe en France. Selon Jean-François Corty, les solutions temporaires, comme par exemple les logements transitoires, dans des hôtels, ne régleront pas le problème de la précarité. "Et ce qu’on a pu voir au moment des discussions lors du projet de loi de finance 2015, c’est une déconstruction de certains aspect de la loi ALUR qu’avait mise en place Cécile Duflot. Il faut d’avantage assumer une politique sociale orientée vers le logement pérenne ", insiste-t-il.
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