PMA pour toutes : "Faute de possibilité en France, de nombreuses femmes vont encore à l'étranger", regrette une association
Les délais dans les centres autorisés à délivrer le sperme sont trop longs, poussant les associations à conseiller aux femmes âgées de plus de 37 ans de directement partir à l'étranger "pour ne pas risquer, tout simplement, de ne pas pouvoir faire d'enfants."
Huit mois après l'autorisation de la procréation médicalement assistée (PMA) pour toutes les femmes, grâce à la loi bioéthique, 5 126 demandes ont été enregistrées au total dans le pays, selon le comité de suivi qui vient de publier les chiffres pour le premier trimestre 2022. La demande de PMA continue d'augmenter, la moyenne est de 854 par mois, contre 653 entre le 16 octobre et le 31 décembre 2021. Conséquence, le délai de prise en charge s'allonge. "Faute de possibilité d'accéder à la PMA en France, de nombreuses femmes vont encore à l'étranger", assure vendredi 27 mai sur franceinfo Margaux Gandelon, porte-parole de l'association Mam'en solo qui a participé au comité de suivi de la loi bioéthique.
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"Dans notre association, nous conseillons toujours aux femmes qui atteignent 37 ou 38 ans de directement partir à l'étranger pour ne pas risquer, tout simplement, de ne pas pouvoir faire d'enfants", précise-t-elle. La faute aux délais dans les CECOS, ces centres "sont la seule banque officielle en France autorisée à délivrer le sperme", souligne Joëlle Belaisch-Allart, présidente du Collège national des gynécologues et obstétriciens français. "On reçoit les femmes mais il faut ensuite attendre un an que les CECOS nous donnent les paillettes de sperme", détaille la présidente du CNGOF.
"C'est vrai qu'avec l'assistance médicale à la procréation, les résultats chutent avec l'âge donc c'est triste mais si vous avez plus de 37 ans, il vaut mieux aller à l'étranger", reconnait Joëlle Belaisch-Allart. Pourtant des gamètes seraient disponibles : 87 000 au 31 décembre 2021. "La priorité est d'utiliser celles dont les donneurs ne veulent pas lever l'anonymat", ce qui sera obligatoire à partir de septembre 2022. "Or seulement 53 tentatives d'assistance médicale à la procréation (AMP) ont été effectuées sur des femmes seules ou des couples de femmes ces trois derniers mois", regrette Margaux Gandelon.
Des discriminations en fonction de l'âge
Cette afflux nouveau pousse certains centres, selon Margaux Gandelon, porte-parole de l'association Mam'en, à refuser des demandes. "Il y a des discriminations en fonction de l'âge, des centres refusent des femmes à partir de 39-40 ans, mais aussi celles qu'ils considèrent trop jeunes", dénonce la militante, elle-même mère de deux petites filles conçues au Danemark par le biais de l'AMP. La loi, rappelle-t-elle, autorise la procédure de 18 à 45 ans.
"Il faut être honnête : l'assistance médicale à la procréation pour toutes, ce n'est pas tout à fait vrai, ça se met en route, ce n'est pas encore parfait."
Joëlle Belaisch-Allart, présidente du Collège national des gynécologues et obstétriciens françaisà franceinfo
Les professionnels et les associations réclament également plus de moyens. "Nous avons besoin de personnel, nous avons besoin d'ouvrir des consultations, des locaux. L'Assistance Médicale à la Procréation n'est pas secondaire", martèle la présidente du Collège national des gynécologues et obstétriciens français, pour qui l'AMP doit être considérée comme les autres techniques de médecine.
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