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Première en Europe : une mosquée ouverte aux homosexuels près de Paris

C'est une mosquée "radicalement inclusive", c'est-à-dire "où les gens peuvent venir comme ils sont". Ce vendredi, Ludovic-Mohamed Zahed ouvre le premier lieu de prière musulman pour homosexuels. Il se situe à l'Est de Paris et n'est pas reconnu par les instances musulmanes de France.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Charles Platiau Reuters)

La salle fait une dizaine de mètres carrés. A partir de ce
vendredi, elle devient la première mosquée ultra progressiste d'Europe. Un lieu
de prière ouvert aux homosexuels musulmans. Le porteur du projet s'appelle
Ludovic-Mohamed Zahed. Un doctorant en anthropologie et psychologie
franco-algérien de 35 ans. Pour lui cet espace est à la fois
"gay-friendly" et féministe. Pourront s'y retrouver pour prier, les
homosexuels, transgenres et transsexuels. "C'est
une mosquée radicalement inclusive, une mosquée où les gens peuvent venir comme
ils sont
", explique-t-il.

Ludovic-Mohamed attend une vingtaine de
musulmans ce vendredi. La salle est située dans la maison d'un
moine bouddhiste zen, qui voit dans cette initiative, le "symbole important d'une religion qui
tend la main à une autre religion sur un sujet qui est plus que délicat
".

Islam "inclusif"

Jusqu'à présent, Ludovic-Mohamed Zahed priait
à la Grande Mosquée de Paris, mais il avait le sentiment d'être "repéré
tout de suite". Il raconte "on a fait la prière à la mosquée de
Paris avec mon compagnon et on lui a dit après la prière, en essayant de lui
enlever les boules d'oreilles de force, qu'il ne fallait pas en porter dans une
mosquée
". Dans sa mosquée, il espère offrir un lieu à tous ceux qui
pourraient ne pas se sentir à l'aise dans des lieux de culte traditionnels.

Ces mosquées, dites "inclusives"
existent déjà en Afrique du Sud, aux Etats-Unis (une dizaine) et au Canada. "Le but de ces musulmans qui se
désignent progressistes n'est pas de s'en tenir à la seule 'défense' d'une
minorité sexuelle dans le cadre d'une interprétation de l'islam qu'ils jugent
intolérante et obsolète à partir de leur expérience discriminée
", explique
Florence Bergeaud-Blackler, chercheur associée à l'Institut de recherches et
d'études sur le monde arabe et musulman, "ils veulent réformer, promouvoir
un islam inclusif de valeurs progressistes
".

"Nous ne culpabilisons pas les homosexuels, mais nous ne
pouvons pas donner une place à cette pratique au point qu'elle devienne un
aspect de la société" (Dalil Boubabker)

Cette nouvelle mosquée n'a reçu le soutien et
la reconnaissance d'aucune instance musulmane de France. Pour Dalil Boubaker,
le recteur de la Grande Mosquée de Paris, "c'est quelque chose
d'extracommunautaire
".

Abdallah Zekri, président de l'Observatoire
des actes islamophobes, sous l'autorité du Conseil français du culte musulman
(CFCM), renchérit : "Il y a des musulmans homosexuels, ça existe,
mais ouvrir une mosquée c'est une
aberration, parce que la religion c'est pas ça
".

Le vice-président de l'Association
des musulmans de France, El Bekkay Merzak estime quant à lui que ce qui gène, c'est
le nom de "mosquée". Il préfèrerait "bar, lieu de rencontre,
bordel mais pas une mosquée. C'est une provocation des musulmans et un mépris
de l'Islam
".

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