Près de 150 migrants installés dans un collège parisien
"Etre migrant n'est pas un crime ", indique la petite pancarte grise accrochée à la grille. Près de 150 migrants se sont installés dans le collège Guillaume Budé, dans le 19e arrondissement de Paris. Après avoir envahi les locaux de l'association féministe Ni putes ni soumises (NPNS) pendant 24 heures, les migrants ont pris vendredi soir le chemin de cette annexe du lycée Jean-Quarré, qui ne sert plus que ponctuellement pour des activités extra-scolaires.
Ces hommes et ces femmes viennent en majorité d'Afghanistan, il y a aussi des Libyens, des Soudanais, des Erythréens, des Tunisiens... Après avoir bougé de campement en campement, les voici donc dans ce collège, avec l'aide de leur comité de soutien, baptisé .
Evacués pour la 11e fois
L'ancienne salle des profs est transformée en cuisine, les salles de classe en chambres, il y a aussi des toilettes et des douches. "Ce lieu était vide, grand, il y a l'electricité, l'eau et un toit, trois choses au moins qu'il manquait à tous ces gens qui vivaient dans la rue ", explique Oussam, membre du collectif. Yacoub, 27 ans, est Libyen : "On ne peut pas supporter le froid, la pluie, et là où on est il y a toujours des rats ", explique-t-il. Le comité de soutien demande un lieu pérenne pour tous les migrants à la mairie de Paris.
Préparation multilingue du rdv avec la mairie #lachapelleenlutte #lyceemigrants pic.twitter.com/dy3jWaBk4n
— ComitéSoutienMigrant (@MigrantChapelle) August 1, 2015
"Après les 11 évacuations, on se rendait bien compte qu'il fallait ouvrir un lieu, pour permettre, ce qui est une revendication principale des migrants et de leurs soutiens, un lieu collectif, co-géré, qui permette de faire le sas entre l'arrivée des personnes, leur éventuelle poursuite de voyage vers un autre pays, ou le placement dans des structures faites pour ça, par exemple les Cada (centres d'accueil pour demandeurs d'asile)", poursuit Oussam du collectif.
Urgence sanitaire et psychologique
S'ils se sont installés dans le collège, c'est aussi parce qu'il y avait urgence sanitaire, selon Clémentine, infirmière et membre du collectif : "Au plus grave on a eu des cas de varicelles, tuberculose ", explique-t-elle. Elle décrit aussi une grande souffrance psychologique : "La plupart des personnes ont eu un parcours extrêmement difficile, que ce soit dans leurs pays d'origine où il y a eu énorménent de souffrance, ou au niveau du parcours pour arriver jusqu'en France ".
"Et ici, ces personnes ne sont pas reconnues, n'ont aucun statut, ignorées des autorités ou en tout cas mal considérées, il n'y a pas d'humanisation derrière ", poursuit-elle, ajoutant encore les difficultés de "perdre la communauté quand il y a des évacuations et que les personnes sont réparties sur tout un territoire ".
Les femmes et les enfants ont été relogés. Pour les autres, le collectif appelle aux dons, avec les besoins les plus urgents : serviettes de bain, dentifrice, brosses à dents et duvets.
#LycéeMigrants : sur les murs du lycée réquisitionné une banderole, "Ils évacuent des camps, nous ouvrons des écoles" pic.twitter.com/eWDcTchk9b
— Louis Witter (@LouisWitter) August 1, 2015
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