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Personnes âgées : faible rémunération, cadences très soutenues... Le métier d'aide à domicile peine à recruter

Alors que le scandale des Ehpad Orpea a renforcé le souhait de nombreux Français de vieillir à la maison, les structures d'aide à la personne n'arrivent pas à répondre à la demande. 

Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Illustration d'une aide soignante accompagnant une personne âgée. (JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP)

Jessica Vidal adore son métier d’aide à domicile, c’est un choix qu’elle ne regrette pas malgré des journées chargées qui parfois débutent à 7h30 et se terminent à 20h, avec une coupure le midi. Jusqu’à 15 visites de personnes âgées par jour,"c'est vrai que ça fait des bonnes journées !" Dans la structure qui l'emploie, située près de Compiègne (Oise), une vingtaine de postes sont continuellement vacants. Alors que la population française vieillit et que la méfiance envers les Ehpad grandit après le scandale Orpea, les entreprises spécialisées dans l'aide à la personne n'arrivent plus à faire face à la demande.

Deux heures et demi pour rendre visite à quatre personnes

Jessica Vidal résume ainsi un après-midi classique : "Là, entre 17h30 et 20h, j'ai quatre personnes à voir. Je commence par un change, un déshabillage ou une toilette. Ensuite je vais chez une autre personne qui a besoin également d'une toilette et d'un change. Puis un monsieur pour un repas et la dernière personne c'est un change et un coucher". "Vous la bordez, vous lui racontez une histoire", lui demande-t-on avec humour. "Exactement, répond-elle sérieusement, même parfois un petit bisou, un bonne nuit et à demain." Et puis l'aide à domicile se corrige : "Enfin pas de bisou parce qu'il y a le Covid".

>> Bien vieillir à domicile : La dépendance des personnes âgées, un enjeu de société

Pas de bisou mais presque, tout cela pour un salaire de 1 400 euros nets par mois. "Ce n'est pas moi qui le dis mais les personnes autour de moi. 'Pour ce que tu fais, tu ne gagnes pas assez' mais je l'ai choisi donc je ne m'en plains pas." Un métier réputé difficile et mal payé, où l’on travaille aussi le week-end. Souvent les jeunes recrues abandonnent. Christophe Houdé directeur général du réseau d’aide à domicile ADMR dans l’Oise peine à recruter : "Ce sont des métiers qui ne sont pas connus du tout, qui ont une connotation qui n'est pas forcément la bonne, de faire le métier que personne ne veut faire. Alors qu' aujourd'hui il y a une professionnalisation du métier qui est importante."

Une demande de financement public

Pour attirer les candidates et les candidats au métier, l’ADMR a créé une école d’aide à domicile, mis en place des formations, une mutuelle, un comité d’entreprise, acheté des voitures de service. Question salaires, le secteur dépend d’une convention collective. Que faudrait-il en plus ? "Les finances du département, l'État, répond Christophe Houdé. Il faudrait plus d'aides publiques données à bon escient."

Plus d’argent, beaucoup d’argent même, c’est ce que recommandent tous les rapports remis aux différents gouvernements ces dernières années. Avant leur élection, Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron ont tous promis une grande réforme du financement du grand âge et de l'autonomie, pour accompagner convenablement le vieillissement de la population. Cette réforme n’a toujours pas vu le jour.

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