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Centre de détention de Bedenac : la contrôleure des prisons dénonce des traitements "inhumains et dégradants"

Dominique Simonnot a visité cette structure de Charente-Maritime où vivent des détenus âgés et malades. Elle décrit une hygiène déplorable et un risque pour leur sécurité, faute de personnel suffisant.

Article rédigé par Mathilde Lemaire
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Dominique Simonnot, contrôleure des lieux de privation de liberté, le 20 octobre 2020. (BERTRAND GUAY / AFP)

La contrôleure générale des lieux de privation de libertés exprime sa colère et sa sidération après la visite du centre de détention pour détenus vieillissants à Bedenac (Charente-Maritime). Dominique Simonnot a constaté des "traitements inhumains et dégradants au sens de la Convention européenne des Droits de l'Homme". Dans une recommandation envoyée aux trois ministères concernés - la Justice, l'Intérieur et la Santé - elle dénonce une violation grave des droits dans cette prison.

Une seule infirmière pour tout le centre

L'unité s'appelle ironiquement "unité de soutien et d'autonomie". La moyenne d'âge y est de 68 ans. Des détenus en fin de longue peine pour l'essentiel, en lits médicalisés, en fauteuil ou en déambulateurs. Certains ont de lourdes séquelles d'AVC (accident vasculaire cérébral) ou souffrent de démence. Les portes des cellules sont verrouillées la nuit, ouvertes la journée.

Le gros problème est celui de leur accompagnement, quasi inexistant. Certains détenus souffrent de dénutrition n'étant pas aidés pour les repas. La moindre chute tourne au drame avec intervention des heures plus tard, a constaté Dominique Simonnot, la contrôleure générale des lieux de privation de libertés.

"Il y a des gens qui ont des incontinences fécales et urinaires qui n'ont de l'aide pour les changer que deux, trois fois par semaine, le reste du temps, elles restent dans leur merde et leur pisse."

Dominique Simonnot

à franceinfo

"En cas d'incendie, la majorité des gens ne pourraient pas sortir tout seul. Tout dysfonctionne comme ça ! Parce qu'il n'y a pas assez de surveillants, qu'il n'y a qu'une infirmière pour tout le centre", enrage Dominique Simonnot.

Le directeur a démissionné

La contrôleure des prisons ne comprend pas pourquoi ces détenus malades n'ont pas encore été transférés dans une structure mieux équipée : "Que font-ils encore là ? Alors qu'une loi prévoit que quand on est gravement malade, on suspend la peine. Il y a eu des libérations conditionnelles refusées pour risque de récidive - un monsieur qui n'a plus de jambes - qu'est-ce que c'est que ce pays ?"

"Comment on se permet de laisser des gens vivre comme ça ?"

Dominique Simonnot

à franceinfo

Le médecin de l'unité a alerté pendant quatre ans sur ces dysfonctionnements graves, en vain. Il a quitté son poste parce qu'il lui était éthiquement impossible de continuer à y travailler. D'autant que des patients vieillissants supplémentaires sont transférés de toute la France, régulièrement. Ils viennent encore alourdir la charge des soignants et surveillants dépassés.

Trois semaines après avoir été alerté sur la situation du centre de détention pour détenus vieillissants à Bedenac, le gouvernement a livré lundi une réponse à la contrôleure des prisons.

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