Conditions de vie des détenus à la prison de Bordeaux-Gradignan : le Conseil d’Etat rejette la requête de l’Observatoire international des prisons
Souvent trois détenus par cellule, des matelas au sol, un accès compliqué au téléphone, des nuisibles : c'est sur ces points entre autres que l'Observatoire international des prisons souhaitait un débat en audience devant le Conseil d'Etat pour évoquer l'amélioration des conditions de vie des détenus de la prison de Bordeaux-Gradignan, en Gironde, la plus surpeuplée de France avec un taux d'occupation de 208 %.
Une requête à laquelle s'était aussi associés l'ordre des avocats de Bordeaux, le syndicat des avocats de France et l'Association de défense des droits des détenus. Le Conseil d'Etat avait été saisi en appel après une décision du tribunal administratif de Bordeaux jugée insuffisante par les requérants.
Une "spectaculaire dérobade"
Il n'y aura donc même pas d'audience pour débattre du fond. L'Observatoire international des prisons dénonce une "spectaculaire dérobade", au grand dam de la contrôleuse générale des prisons, Dominique Simmonot. Elle et ses équipes sont restés deux semaines avant l'été dans cette prison de Gradignan concluant que l'hébergement d'êtres humains doit y être proscrit.
"Si je prends un exemple de ce que le Conseil d'Etat a rejeté sans débat, ce sont les punaises de lit, les cafards et les rats qui pullulent et sortent de partout là-bas, déplore-t-elle. On les voit sortir des plaques chauffantes, des frigos... Le Conseil d'Etat répond qu'il y a un contrat de désinfection et de dératisation quatre fois par an mais s'il y a peut-être un contrat, il ne marche pas du tout !"
"Il y a des détenus qui arrivent à l'unité sanitaire avec les poches remplies de vermines. Ils sont obligés de se mettre du papier toilette dans les narines, dans les oreilles, pour empêcher que les cafards y rentrent la nuit : c'est effrayant."
Dominique Simmonotà franceinfo
L'Observatoire international des prisons, dans ce dossier, a épuisé ses recours et tourne son regard, désormais, vers le Conseil de l'Europe, à Strasbourg, qui doit demander mi-décembre des comptes à la France, trois ans après sa condamnation par la Cour européenne des droits de l'homme pour sa surpopulation carcérale structurelle, l'indignité de nombreux établissements et l'inefficacité des voies de recours pour les détenus.
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