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Prostitution : "343 salauds" et une polémique

Une pétition contre l'abolition de la prostitution, à paraître dans le magazine Causeur de novembre, signée par "343 salauds" autoproclamés, fait beaucoup réagir depuis mercredi matin, notamment sur les réseaux sociaux. Proclamant "touche pas à ma pute", les signataires s'opposent à une proposition de loi renforçant la lutte contre la prostitution. Des associations féministes, mais pas seulement, crient leur colère.
Article rédigé par franceinfo
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  (Maxppp)

"Nous considérons que chacun a le droit de vendre librement ses charmes - et même d'aimer ça. Et nous refusons que les députés édictent des normes sur nos désirs et nos plaisirs ". Voici une partie du "manifeste des 343 salauds", à paraître dans le numéro de novembre du magazine Causeur, le 7 novembre prochain . Les 343 signataires, parmi lesquels on retrouve Frédéric Beigbeder, Basile De Koch (mari de Frigide Barjot), Nicolas Bedos, Eric Zemmour ou encore l'avocat Richard Malka, s'opposent à une proposition de loi qui sera discutée à l'Assemblée nationale à la fin novembre. Un texte qui prévoit notamment une amende de 1.500 euros sanctionnant le recours à la prostitution.

Le manifeste pose la question : "Aujourd'hui la prostitution, demain la pornographie : qu'interdira-t-on après-demain ? " Dans une courte présentation signée de la rédaction de Causeur, est expliqué que "nous ne défendons pas la prostitution, nous défendons la liberté. Et quand le Parlement se mêle d'édicter des normes sur la sexualité, notre liberté à tous est menacée ".

Réactions en chaîne

La pétition, destinée à n'être publiée que le 7 novembre prochain, a finalement été mise en ligne ce mercredi sur le site Internet de Causeur . Sur les réseaux sociaux, l'indignation avait eu le temps de se propager. Notamment dans la sphère féministe, avec notamment ce tweet de Caroline de Haas, ancienne patronne d'Osez le Féminisme.

Mais l'indignation s'est propagée bien au-delà des associations féministes et des militants anti-prostitution. Sur Twitter, .

Autre réaction, celle de Morgane Mertreuil, secrétaire générale du Strass, le Syndicat des travailleurs sexuels : "Nous ne sommes pas vos putes " s'écrit-elle dans un article publié sur le site Internet de L'Express .

A noter également, la réaction outrée du collectif Zéromacho, affirmant dans un communiqué de presse que "le combat pour l'abolition de la prostitution est avant tout un combat pour l'Égalité ". 

Des mots très symboliques

L'expression "343 salauds" n'a pas été choisie par hasard. Elle renvoie au "Manifeste des 343 salopes", publié le 5 avril 1971 dans Le Nouvel Observateur et signé par des femmes proclamant leur droit à la contraception et l'avortement.

Ainsi, sur le site Internet du Monde , Anne Zelensky, présidente de la Ligue du droit des femmes, signe une tribune intitulée "l'appel 'Touche pas à ma pute' humilie les femmes ". Une tribune symbolique car Anne Zelensky est une des femmes à l'origine du "Manifeste des 343 salopes".

Le débat s'est aussi invité au plus haut niveau de l'État. Interrogée sur la question lors de son point presse hebdomadaire, la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem s'est montrée lapidaire : "Les 343 salopes réclamaient en leur temps de pouvoir disposer librement de leur corps. Les 343 salauds réclament le droit de disposer du corps des autres. Je crois que cela n'appelle aucun autre commentaire ".

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