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Racisme : "Je vois l'affiche d'un singe avec mon prénom dessus"

TÉMOIGNAGE | Le racisme ordinaire est toujours une réalité en France. Certains le subissent au quotidien, y compris sur leur lieu de travail. C'est le cas d'Oizir Abdallah. Pendant près de cinq ans, ce jeune homme réunionnais a fait face aux blagues douteuses de ses collègues. Il a saisi le défenseur des droits et les prud'hommes contre son employeur et a obtenu des dommages et intérêts. C'est une affaire que France Info vous révèle ce jeudi. 
Article rédigé par Rosalie Lafarge
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Fotolia.com)

Oizir Abdallah a 28 ans. Né à la Réunion, ce charpentier
soudeur est embauché sur les chantiers navals de Saint-Nazaire il y a six ans.
Avec un salaire bien plus bas que celui auquel ses diplômes auraient du lui
donner droit. Discrimination à l'embauche dit-il, mais aussi, au quotidien,
discrimination raciale. "Souris un peu plus, on a du mal à te voir dans
les ballastes vu que tu es noir, t'as pas besoin de te laver les mains vu que tu
as les mains déjà noires, manges du porc, ça te fera du bien, sachant que je suis musulman...
" Voilà le
genre de remarques que l'ouvrier entend au travail, témoigne-t-il.

Comparé à un singe

Au fil des années, il encaisse les réflexions, essaie de ne
jamais s'emporter. Jusqu'à ce jour de novembre 2011 où il voit une affiche ordurière. "J'étais en train de travailler et je passe à côté des toilettes, je vois l'affiche d'un singe avec mon prénom dessusJe l'ai arrachée directement
sous la colère. Je ne pouvais pas l'accepter, je commençais vraiment à en avoir
marre
", raconte Oizir Abdallah. "Je me suis dis que peut-être c'était moi l'intrus, vu que je suis noir. J'ai préféré partir ", poursuit-il.

Il démissionne après plusieurs mois de dépression. Puis il
saisit les prud'hommes et le défenseur des droits. Les deux lui donnent raison.
Oizir Abdallah obtient, en décembre dernier, 24.000 euros de dommages et
intérêts. Son ancien employeur a fait appel de cette décision. Mais
quoi qu'il arrive, cette somme ne suffira pas à réparer les dégâts.

"Je ne pensais pas vivre une vie comme ça en France"

"J'ai perdu ma vie de famille, tous mes biens, même plus de voiture. C'est quelle vie ça ? Moi je ne pensais pas vivre une vie comme ça en France. Sachant que j'avais des crédits à rembourser. Sans oublier que même ma femme s'est dit qu'il vallait mieux qu'on se quitte parce qu'elle
avait peur comme moi-même j'ai peur",
explique-t-il.  "C'est pour ça qu'aujourd'hui je préfère
travailler à mon compte, comme ça je n'aurai de comptes à rendre à personne
", ajoute-t-il.  Devenu auto entrepreneur
en construction réparation, Oizir Abdallah vient de décrocher son premier
contrat.

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