Célébration de Hanoukka à l'Elysée : "Cette prière a eu lieu au cœur de la République", déplore un membre du Conseil des sages de la laïcité

Une célébration de la fête juive de Hanoukka a eu lieu jeudi 7 décembre à l'Elysée.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le palais de l'Elysée à Paris le 7 décembre 2023. (LUDOVIC MARIN / AFP)

"Pour allumer une bougie, il faut faire une prière, et cette prière a eu lieu au cœur de la République", déplore vendredi 8 décembre sur franceinfo Iannis Roeder, membre du Conseil des sages de la laïcité et directeur de l'Observatoire de l'éducation à la Fondation Jean-Jaurès. Il réagit à la vidéo postée sur les réseaux sociaux de la célébration de la fête juive de Hanoukka à l'Elysée, jeudi soir, qui fait polémique.

"Cette scène m'a surpris, parce qu'on le sait depuis 1905, et notamment l'article 2 de la loi de séparation des Églises et de l'État, la République ne reconnaît aucun culte", ce qui veut notamment dire, précise Iannis Roeder, "ne pas faire de cérémonies religieuses dans les lieux de la République". "On n'est pas à l'église, à la synagogue ou à la mosquée, on est dans le lieu-même qui représente la République", insiste le spécialiste.

Une "erreur politique"

"Je pense que le président du Crif a tout à fait raison de considérer que c'est une erreur", estime le membre du Conseil des sages de la laïcité. Il réagit aux propos de Yonathan Arfi ce vendredi matin, qui parle de cette séquence comme une "erreur". Et Iannis Roeder de confirmer : "C'est une erreur politique, et je crois que c'est une conception de la République qui n'est pas la conception française. La République, elle ne connaît pas de juifs, de musulmans, de catholiques. Elle connaît uniquement des citoyens." Le spécialiste craint que ce ne soit "la porte ouverte à d'autres fêtes : la prière du Vendredi saint à l'Elysée, à la rupture du jeûne du ramadan à l'Elysée".

Aussi, Iannis Roeder s'inquiète des répercussions que pourrait avoir cette image sur une partie de l'opinion publique. "Elle peut alimenter des fantasmes qui existent sur les réseaux sociaux, sur le pouvoir supposé des juifs, sur la collusion entre le président la République et les juifs", et raviver de "vieux fantasmes de complots", redoute-t-il.

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