Hausse des actes antisémites : le délégué interministériel veut "interpeller les consciences"
Après deux années de baisse, les actes antisémites sont en hausse (+69%) en France, sur les neuf premiers mois de 2018, explique à franceinfo Frédéric Potier, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT.
Le Premier ministre Édouard Philippe a annoncé vendredi 9 novembre une très forte hausse (+69%) des actes antisémites sur les neuf premiers mois de 2018, après deux années de baisse. Une annonce faite 80 ans jour pour jour après les pogroms antisémites des nazis lors de la "Nuit de cristal".
"On ne souhaitait pas attendre une publication annuelle" et "cette date très symbolique nous paraissait utile pour interpeller les consciences et appeler à une mobilisation citoyenne", a expliqué Frédéric Potier, préfet et délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT, invité de franceinfo. Il a pointé une "évolution sur neuf mois extrêmement inquiétante".
franceinfo : D'où viennent ces données sur les actes antisémites ?
Frédéric Potier : Elles viennent du ministère de l'Intérieur. Ce sont les chiffres des plaintes ou des signalements effectués devant les forces de police ou de gendarmerie. Ce sont des chiffres que nous publions chaque année mais, cette fois, nous ne voulions pas attendre la publication annuelle. Aujourd'hui, ce sont les 80 ans des pogroms nazis de 1938. Cette date très symbolique nous paraissait donc utile pour interpeller les consciences et appeler à une mobilisation citoyenne. Le Premier ministre a décidé de ne pas taire cette évolution sur neuf mois parce qu'elle est extrêmement inquiétante. Sur ces 386 actes, il y a un tiers d'agressions et de dégradations, et deux tiers de menaces.
Les plaintes de plusieurs individus concernant un même acte, comme dans le cas d'un tag antisémite, sont-elles comptées comme un seul, ou plusieurs actes antisémites ?
Les plaintes sont groupées quand elles émanent de plusieurs personnes et concernent un même acte. Les tags sont un bon exemple parce qu'ils ont fleuris à la fois dans des centres universitaires (Paris II Assas, HEC...) mais aussi parfois dans des zones très rurales. Dans le Béarn par exemple, on a vu des tags négationnistes en hommage à Faurisson. C'est quelque chose qui touche en fait toutes les zones, et qui supposait donc une prise de conscience et une réponse des pouvoirs publics. Ce qu'a fait le Premier ministre au travers de cette tribune.
Peut-on penser que le chiffre réel des actes antisémites est plus élevé que celui avancé par le Premier ministre ?
L'antisémitisme du quotidien est détestable pour ceux qui le vivent. Mais parfois certaines personnes n'osent pas porter plainte. Et pourtant, il faut porter plainte ! Il faut saisir les services de police. Le nombre total des actes est sûrement bien au-dessus des chiffres que nous publions. C'est d'ailleurs pourquoi nous formons les forces de l'ordre à la prise de plainte avec mention de la circonstance aggravante qu'est l'antisémitisme.
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