Rapport sur l'islamisme de l'Institut Montaigne : "Surtout pas d'ingérence de l'État, c'est à nous-mêmes de prendre nos responsabilités"

"Tout doit venir de la communauté, surtout pas d'ingérence de l'État, surtout pas d'ingérences qui viennent de l'extérieur. C'est à nous-même de prendre nos responsabilités, c'est à nous-même de trouver des solutions", a affirmé lundi 10 septembre sur franceinfo Ahmet Ogras, président du Conseil français du culte musulman (CFCM). Il réagit au rapport intitulé "La Fabrique de l'islamisme", de l'Institut Montaigne. Dans ce texte, l'auteur, Hakim El Karoui, insiste sur l'urgence de la lutte contre le discours salafiste sur les réseaux sociaux et propose la création d'une structure chargée d'organiser et de financer le culte musulman.

franceinfo : Pour Hakim El Karoui, le problème c'est que les musulmans ne sont pas conscients de ce qui se passe. Qu'en pensez-vous ?

Ahmet Ogras : Il faudrait qu'il se remémore l'histoire des musulmans. Aujourd'hui, dans la communauté, il y a des brebis perdues, il y a des personnes qui se disent de la communauté mais qui n'ont aucune valeur, aucune morale de notre communauté et on ne peut pas prendre en otage toute une majorité pour une infime minorité.

En quoi n'êtes-vous pas d'accord avec Hakim El Karoui ?

Ce que je reproche à Hakim El Karoui, c'est qu'aujourd'hui nous fêtons notre Nouvel an. C'est ça le plus important pour les musulmans. Ce sont des personnes qui se disent expertes, mais vous voyez qu'elles sont déconnectées de la réalité. Sortir ce rapport aujourd'hui montre qu'il ne connaît pas l'islam. Il n'est pas légitime, il est déconnecté.

Que pensez-vous de ses propositions ?

Tous ces outils seront proposés par le CFCM et seront mis à disposition par le CFCM. Tout doit venir de la communauté, surtout pas d'ingérence de l'État, surtout pas d'ingérences qui viennent de l'extérieur. C'est à nous-même de prendre nos responsabilités, c'est à nous-même de trouver des solutions. Aujourd'hui, nous sommes majeurs, vaccinés, Français, nous payons des impôts, nous savons ce que nous devons faire dans ce pays. Laissez-nous travailler, on a un agenda. C'est la pratique d'une religion et ça ne se passe pas avec un claquement des doigts et un décret. Il faut laisser le temps à la pratique de la religion.