#AussiMonEglise : "Nous avons le sentiment d’être assimilés à cette Église qui ne réagit pas", dénoncent des milliers de croyants sur Twitter
Depuis vendredi et l'apparition du mot dièse #AussiMonEglise, catholiques pratiquants et simples croyants prennent la parole sur les réseaux sociaux en réaction au rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l'Église.
Depuis sa petite paroisse de l'ouest de la France, Corine fulmine. Elle, la prof de français, catholique pratiquante, ne s'est pas retrouvée dans les discours des responsables de l'Église au lendemain des révélations de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église catholique (Ciase). "J’ai l’impression que les hautes sphères, ceux qui sont à la tête de notre Église, passent à côté de cette profonde douleur, de cette profonde honte. Et nous, qui sommes dans l’Église, dans notre quotidien, nous en bas, les petits, les femmes, les hommes, avons le sentiment d’être assimilés à cette Église qui ne réagit pas."
Depuis le jour de mon baptême, je suis de cette Eglise. Je n'en veux pas d'autre. Je la veux autre. Je veux qu'elle demande pardon, je veux qu'elle répare, je veux qu'elle nous écoute tous. Je veux qu'elle change. #MyChurchtoo #AussimonEglise
— Corine (@CorineMarbeuf) October 8, 2021
Alors Corine a témoigné sur les réseaux sociaux avec ce mot dièse #AussiMonEglise. Comme elle, de très nombreux croyants prennent la parole depuis l'apparition vendredi 8 octobre de ce hashtag sur Twitter, en réaction au rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l'Église. Beaucoup de messages arrivent pour dire la perte de confiance envers l'institution et surtout le fossé qui sépare les laïcs, eux qui ne sont ni curé, ni évêque, mais qui se définissent comme "le peuple des croyants".
Ils exigent que l'Eglise se transforme en profondeur et que l'épiscopat les entendent enfin. "C’est pour leur dire que même nous, laïcs, fidèles, réclamons un changement radical, des actes forts. Ces changements, ce n’est pas seulement la société qui les attend. De l’intérieur de l’Église, nous attendons ces changements, explique Timothé. Ingénieur à Paris et catholique pratiquant, il est l'un des initiateurs de du mot dièse #AussiMonEglise.
"Ils ne peuvent pas continuer à décider seuls sans nous, sans nous rendre de comptes. C’est le sens du terme #AussiMonEglise."
Timothé, l'un des initiateurs de ce mot dièseà franceinfo
"Ils ne pourront pas se contenter de penser que c’est une sorte de pression de l’extérieur, de relents anticléricaux dans cette société, poursuit Timothé. Non. C’est de l’intérieur de l’Église. Nous les attendons de pied ferme." Les fidèles veulent donc changer leur Église, mais pour cela, il faut être écouté par le clergé et c’est difficile, explique Catherine. "Quand j’ai des désaccords, j’essaie d’aller parler à mon curé. On essaie de parler entre paroissiens. Mais parfois la prise de conscience est un peu compliquée. Parfois, il faut essayer d’utiliser des tribunes un petit peu plus larges, comme les réseaux sociaux, pour pouvoir enfin nous faire entendre parce que, par nos paroisses ou en écrivant à nos évêques, malheureusement, on a très peu souvent de retours", constate-t-elle.
Tous les fidèles interrogés tombent d'accord sur une chose : pour transformer l'institution, il faudra à l'avenir écouter les laïcs et les intégrer dans les instances décisionnaires de l'Église.
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