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La relaxe du cardinal Barbarin pose une "question morale", selon François Devaux de l'association La Parole libérée

Le président de l'association La Parole libérée a réagi sur franceinfo à la relaxe, jeudi 30 janvier, du cardinal Barbarin, dans son procès pour non dénonciation d'abus sexuels.

Article rédigé par franceinfo
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François Devaux lors du procès du père Preynat, le 14 janvier 2020.  (MAXIME JEGAT / MAXPPP)

"On va poursuivre notre chemin. Au travers de cette action en justice, c'est un projet de société qu'on soulève", a réagi jeudi 30 janvier sur franceinfo François Devaux, le président de La Parole libérée. L'association se pourvoit en cassation après la relaxe du cardinal de Lyon Philippe Barbarin dans son procès pour non-dénonciation d'abus sexuels commis par l'ex-père Bernard Preynat entre 1971 et 1991. François Devaux rappelle qu'il y a aujourd'hui "20 000 plaintes pour violences sexuelles", une "une faillite sociétale" selon lui. La relaxe du cardinal pose donc "une question morale" et le sujet "nécessite une mobilisation pleine et entière", insiste le président de La Parole libérée.

franceinfo : Pourquoi allez-vous en cassation ?

François Devaux : L'ensemble des parties civiles souhaite se pourvoir en cassation. Le débat reste entier. On va poursuivre notre chemin. Au travers de cette action en justice, c'est un projet de société qu'on soulève. Aujourd'hui, on prend conscience que notre société n'est pas à la hauteur de la gravité et de l'ampleur de ce fléau, de ses conséquences. Le législateur allonge les délais de prescription au fil des années depuis trois ou quatre décennies. Aujourd'hui on nous parle de 20 000 plaintes pour violences sexuelles. On est sans doute bien au-dessous de la réalité. C’est bien une faillite sociétale. Le fait est que le ministère public, depuis le départ, n'est pas très enclin à nous accompagner dans notre démarche. Pour autant, on voit que notre chemin a pu permettre de faire grandir l'expertise et la conscience de la défaillance de nos institutions républicaines.

Aller en cassation, est-ce que cela ne prolonge pas la souffrance ?

Je ne prends pas plaisir à argumenter un préjudice personnel devant une cour. On fait ça pour des convictions et des valeurs morales, parce qu'on a vécu dans notre chair des choses qui ont eu une incidence sérieuse. L'action qui a été la nôtre a eu un certain écho. Aujourd'hui, on est attendu sur cet engagement. On essaie d'être à la hauteur. Il va bien falloir qu'il y ait des personnes qui permettent la remise en question du législateur, de la justice et du gouvernement. Si c'est notre rôle, on le prend fièrement et le plus dignement possible. C'est un sujet sérieux qui nécessite une mobilisation pleine et entière. Notre société occidentale est en train de prendre la mesure de la faillite qui est la nôtre sur la protection de l'enfance.

Le jugement du père Preynat aura lieu le 16 mars. Comment l'abordez-vous ?

Pour moi, le jugement du passé a moins d'importance que ce que l'on fera de notre avenir. J'estime que ma responsabilité et la responsabilité du projet associatif de La Parole libérée, c'est celui-ci : forts de notre expertise, forts de nos vécus, faire émerger, grandir la conscience. Le jugement d'un homme pour des souffrances très personnelles est un sujet beaucoup plus individuel mais qui permet de remettre l'humain et la problématique au milieu d'un combat qui est peut-être plus politique. Au-delà de la justice, au travers de cette procédure judiciaire, c'est la conscience qui a grandi. Peut-être que sur le plan pénal, ce n'est pas condamnable. Mais quid de la question morale ? Est-ce qu'on peut considérer que le cardinal a bien agi ? Est-ce que c'est un modèle ? Est-ce qu'on peut envoyer le message de dire, il faut continuer dans cette voie-là ?

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