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Pédocriminalité dans l'Église : "Il faut réparer ce qui est réparable" pour la présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France

"L'Église doit payer", réagit ce mardi sur franceinfo Sœur Véronique Margron, présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France, suite à la publication du rapport Sauvé sur les violences sexuelles au sein de l'Église.

Article rédigé par franceinfo
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Véronique Margron, présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France déplore "les défaillances de l'Église" qui ont engendré "un peuple de vies brisées", sur franceinfo mardi 5 octobre.  (DANIEL FOURAY / MAXPPP)

"Il nous faut réparer ce qui est réparable", indique sur franceinfo ce mardi, Sœur Véronique Margron, présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France, après la publication des conclusions accablantes de la commission Sauvé. Elle déplore "les défaillances de l'Église" qui ont engendré "un peuple de vies brisées". Pour elle, "il faut s'atteler à changer les mentalités, et à revisiter la théologie".

Au total, 216 000 victimes d'abus sexuels par des clercs ou religieux, et plus de 330 000 victimes, si on ajoute les laïcs, ont été recensées entre 1950 et 2020.

franceinfo : Est-ce que l'Église va payer ?

Sœur Véronique Margron : Oui, bien sûr que l'Église doit payer. On est déjà en train de payer à travers ce rapport. Après, il nous faut réparer. Sachant que personne n'a le pouvoir de réparer des vies. Mais il nous faut réparer ce qui est réparable. Les processus de réparation doivent se mettre en place, personne après personne, de manière individualisée. Les responsabilités pénales doivent être assumées. Je ne vois pas comment quelqu'un peut contester cela. Et ce qui est dommageable, c'est qu'il y a beaucoup d'histoires qui relèvent de la prescription. On doit réparer, car sinon il ne se passera rien pour ces personnes. Pour les actes qui dépendent des communautés religieuses, c'est à nous de payer sur nos deniers et nulle autre chose.

Ce rapport, vous l'avez vécu comme une déflagration ?

Je l'ai vécu comme un désastre, une catastrophe. Être confronté à de tels chiffres montre bien que nous sommes face à un crime massif. C'est autant de visages brisés et c'est comme si les défaillances de l'Église avaient engendré un peuple de vies brisées. Et ceci est une déflagration intime absolument terrible. Je n'imaginais aucun chiffre. J'ai reçu des victimes, donc je savais que ce rapport ne pouvait pas être bon. Mais je pense que personne au sein de l'Église catholique ne pouvait imaginer de tels chiffres. Tout cela est effroyable et relève d'un mal radical, de la banalité du mal. Autrement dit, nos institutions n'ont pas su protéger nos enfants, n'ont pas signalé, et parfois même ont caché certains actes.

Est-ce que vous arrivez à comprendre comment cela est possible ?

Il est impossible de comprendre pourquoi à cette échelle. Je comprends dans ma tête le coté systémique, avec le rapport au secret dans l'Église, la sacralisation du religieux et le fait de penser l'Église comme une famille, comme un lieu clos. Je ne sais pas si un jour, nous aurons l'explication d'autant de vies détruites. Personne ne nous, de l'intérieur, n'aurais pu faire ce rapport. Il fallait une instance tierce. Le fait que cette commission a été voulue par les évêques et par les religieux, me fait espérer. C'est pour moi le premier facteur d'espérance. Et il faut s'atteler à changer les mentalités, et à revisiter la théologie.

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