Cellules d'écoute, commission indépendante... L'Eglise de France annonce des mesures contre la pédophilie
Les évêques de France "s'engagent" également à faire toute la lumière sur tous les cas, "même anciens".
Face au scandale provoqué depuis plus de deux mois par les révélations d'affaires de pédophilie ou d'agressions sexuelles impliquant des prêtres, l'Eglise catholique de France a réagi et annoncé une série de mesures, mardi 12 avril. Une accélération des réformes que le porte-parole de la Conférence des évêques de France, Olivier Ribabeau Dumas, a tenu à nuancer : "L'Eglise travaille depuis quinze ans sur ces questions et les affaires de Lyon n'ont fait que rappeler qu'il existe encore des zones grises."
"A travers ce travail, nous voyons les visages des victimes et de leurs familles mais aussi ceux de nos prêtres" mgr Pontier
— Marthe Ronteix (@MartheRonteix) 12 avril 2016
"Lorsque c'est un prêtre, c'est un double crime.", cite monseigneur Pontier #conférencedesévêques
— Marthe Ronteix (@MartheRonteix) 12 avril 2016
L'Eglise se veut plus à l'écoute des victimes
Un site internet dédié aux victimes de prêtres sera bientôt créé. Il les dirigera vers le lieu le plus proche d'eux auquel ils pourront s'adresser pour trouver "accueil, écoute et accompagnement". En attendant sa mise en place, l'adresse e-mail, paroledevictimes@cef.fr, est d'ores et déjà active. La solution du numéro vert national n'a en revanche pas été retenue.
Des cellules d'accueil et d'écoute des victimes seront également mises en place au niveau des diocèses ou des provinces ecclésiastiques regroupant les diocèses. A l'heure actuelle, seul le diocèse d'Orléans dispose d'une telle structure. Ces mesures entrent dans une volonté de "faire la toute la lumière" sur les cas de pédophilie même les plus anciens qui sont sous le coup de la prescription au yeux de la loi. "Avant les années 2000, les victimes et leurs familles ne voulaient pas toujours porter plainte, explique Georges Pontier, le président de la Conférence des évêques de France. Mais c'est notre premier devoir de recevoir ces victimes aujourd'hui."
Elle entend aussi lutter en interne contre la pédophilie
La "cellule de veille" de l'épiscopat sur la pédophilie deviendra également une "cellule permanente de lutte contre la pédophilie". Elle aura pour mission de faire de la prévention et de former les prêtres, séminaristes, éducateurs et autres intervenants sur des sujets comme la pédophilie, la sexualité ou encore le rapport affectif aux enfants. C'est cette cellule qui sera l'interlocuteur privilégié des associations de victimes.
Une "commission nationale d'expertise indépendante" va également voir le jour. Elle sera "présidée par une personnalité laïque qualifiée, et composée d'experts (anciens magistrats, médecins, psychologues, parents...)". "Nous n'allons pas mettre de sous-marins dans cette commission", répond Georges Pontier lorsqu'on l'interroge sur son indépendance. Elle aura pour mission de conseiller les évêques qui pourront la saisir afin "d'évaluer la dangerosité des prêtres. Mais le but est surtout de mieux connaître leur personnalité". Des dispositions qui pourront être suivies d'effets immédiats.
Les membres de la Conférence des évêques ont insisté sur l'existence de mesures conservatoires en cas de faits de pédophilie avérés pouvant aller jusqu'à la suspension. Dès qu'il prend conscience du cas, l'évêque peut interdire le prêtre incriminé de confession ou de participation aux activités pour "protéger les enfants et les jeunes. Car le soucis des victimes est notre première préoccupation."
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