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Religieux enlevés en Haïti : "Pour l'instant, on sait qu'ils sont en vie", indique le responsable de la Société des prêtres de Saint-Jacques

Plusieurs missionnaires de la Société des prêtres de Saint-Jacques, basée dans le Finistère, ont été enlevés en Haïti ce dimanche. D'après le responsable de la société, "ils sont en vie". 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
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Vue de la capitale haïtienne Port-au-Prince, en mars 2020 (CHANDAN KHANNA / AFP)

"Pour l'instant on sait qu'ils sont en vie", a déclaré ce lundi sur franceinfo le père Paul Dossous, supérieur général de la Société des prêtres de Saint-Jacques, un groupe religieux basé dans le Finistère, dont plusieurs missionnaires ont été enlevés en Haïti ce dimanche 11 avril. Le groupe essaie "au maximum de garder contact avec les ravisseurs". Le père Paul Dossous pense que le motif de l'enlèvement n'est pas religieux : "Ils étaient au mauvais endroit au mauvais moment". Il souligne la "résilience" des religieux, en particulier du père Michel Briand, qui avait déjà été blessé par balle en Haïti. "Nous ne sommes pas des hommes à fuir une situation", assure le responsable de la Société des prêtres de Saint-Jacques.

franceinfo : Avez-vous des nouvelles du père Michel Briand et des autres religieux qui ont été enlevés ?

Père Paul Dossous : Non, pas directement, mais je suis en contact avec le responsable en Haïti parce qu'il faut essayer de garder contact avec les ravisseurs au maximum et c'est ce qu'on essaye de faire sur place. Pour l'instant on sait qu'ils sont en vie. Est-ce qu'ils vont bien ? Je ne peux pas vous dire, il y en a quand même qui sont un peu malades.

Vous pensez qu'ils étaient visés parce qu'ils étaient religieux ou simplement par hasard, parce qu'ils étaient peut-être considérés comme vulnérables ?

Non, je ne pense pas qu'ils étaient visés, il n'y a pas une raison particulière. Je pense qu'ils étaient au mauvais endroit au mauvais moment et parce que c'est quelque chose de régulier en Haïti, c'est tous les jours qu'il y a ces cas-là, ils sont victimes de la situation actuelle du pays. On essaye de faire ce que nous pouvons de notre côté pour qu'ils soient libérés le plus tôt possible.

Craignez-vous pour leur vie ?

Dans une telle situation, oui je le crains. Je suis en état de choc et un peu révolté aussi. Mais en même temps, je connais très bien ceux qui ont été kidnappés parce qu'ils sont membres de mon institut, ce sont des gens très forts, ce sont des gens qui ont beaucoup de résilience, qui peuvent tenir. Ce sont des personnes très impliquées dans le pays, le père Michel Briand et les pères de Saint-Jacques sont partis en mission dans ce pays, ils vont là où ils sont envoyés par l'Église. Le père Michel a été envoyé comme missionnaire en Haïti depuis 1985. C'est son pays de cœur, il se donne, il est curé d'une paroisse dans la banlieue de Port-au-Prince, à Saint-Roch, et il est aussi directeur d'une école qu'on appelle école presbytérale en Haïti. C'est quelqu'un de très impliqué dans la vie du pays.

Avez-vous l'impression que ces religieux présents en Haïti étaient plus inquiets ces derniers temps, avec la situation sécuritaire qui se dégradait ?

Non, Michel Briand n'est pas un homme inquiet. C'est quelqu'un vraiment qui vit comme les Haïtiens. Il est d'origine française mais il vit comme les Haïtiens, il n'a pas eu d'inquiétude. Les gens en ont parfois. Moi en tant qu'Haïtien, je suis allé à plusieurs reprises en Haïti, en janvier par exemple, j'avais peur de sortir, mais lui non, il n'a jamais peur. Et les gens le connaissent. Il est connu un petit peu partout, je ne pense pas qu'il ait peur.

Cet enlèvement pose-t-il la question du maintien de vos missionnaires en Haïti ? Cela vous fait-il réfléchir ?

Oui, ça pourrait poser la question, mais en même temps on sait que ce n'est pas la population qui est à la base de tout ça. On est obligé de porter avec cette population ce qu'elle vit tous les jours. On ne peut pas s'enfuir parce que c'est difficile. Et je crois que c'est cette résilience, cette force que le père Michel porte en lui. N'oubliez pas qu'il a été agressé en 2015. Il a eu une balle, il a été soigné et il est reparti tout de suite. Donc nous ne sommes pas des hommes à fuir une situation, non, même si on a peur quand même en tant qu'humain.

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