Fin de l'accueil d'imams "détachés" en France : "C'est nécessaire, peut-être, mais ce n'est pas suffisant", pour le grand imam de Bordeaux
"C'est nécessaire, peut-être, mais ce n'est pas suffisant", explique le grand imam de Bordeaux, après que le gouvernement a annoncé que la France n'acceptera plus, à partir du 1er janvier, de nouveaux imams "détachés", c'est-à-dire envoyés par d'autres pays. "Le problème, c'est qu'aujourd'hui, le séparatisme, l'intégrisme, l'extrémisme se développe plus sur les réseaux sociaux que dans les mosquées", pointe Tareq Oubrou, sur franceinfo, le samedi 30 décembre.
"Il y a beaucoup d'imams qui sont français et qui portent un discours qui n'est pas forcément extrémiste mais qui peut inspirer le séparatisme", note le grand imam de Bordeaux. "Il y a le séparatisme théologique qui n'est pas violent, mais qui peut mettre le musulman français dans une situation symboliquement séparatiste, parce qu'il y a des pratiques qui isolent les musulmans de la société".
"Ce n'est pas de l'intégrisme, c'est un piétisme et un conservatisme religieux"
"Ce n'est pas de l'intégrisme, c'est un piétisme et un conservatisme religieux qui pourrait porter préjudice à l'équilibre laïc de la République", avertit Tareq Oubrou. Il plaide pour "un programme pédagogique de la formation des imams, un programme acculturé qui prend en considération la réalité laïque française", fondé sur "une doctrine qui part des spécificités occidentales pour penser le droit canonique et la théologie musulmane". "Ça va prendre du temps", reconnaît-il, d'autant plus que "le temps de la religion n'est pas forcément le temps médiatique et politique".
"Il faut un temps d'acculturation de l'islam. Il y a une acculturation de fait, mais il faut que cette acculturation soit accompagnée par une acculturation théologique et de droit canonique."
Tareq Oubrou, grand imam de Bordeauxà franceinfo
"Depuis 2021, le Maroc n'envoie plus d'imams détachés", selon "les déclarations de Mohammed Moussaoui, le président de l'Union des mosquées de France, d'obédience marocaine", explique par ailleurs Tareq Oubrou. De ce fait, seuls "des imams d'origine algérienne et turque" sont "concernés actuellement par cette disposition". Par ailleurs, il rappelle que l'annonce de Gérald Darmanin "n'empêche pas la venue de d'imams saisonniers pour le ramadan".
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