Rue David Bowie à Paris : qui décide des noms des voies publiques ?

La rue David Bowie est inaugurée lundi à Paris, dans un nouveau quartier du XIIIe arrondissement, près de la gare d'Austerlitz. Franceinfo vous explique comment sont décidées les dénominations de rues, boulevards, avenues et espaces publics.
Article rédigé par Audrey Abraham
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Montage photo. (STEPHANIE BERLU / FRANCEINFO)

Nouvelles rues, féminisation des espaces, retrait d'un symbole historique négatif, hommage à une personnalité : il arrive que la nomenclature de la voie publique évolue avec le temps. Gisèle Halimi, Simone Veil, Hubert Germain ou encore Johnny Hallyday ont ainsi donné récemment leur nom à des rues, des esplanades et des impasses. C'est le conseil municipal qui est compétent pour en décider.

Les vœux et le vote

La commission de dénomination des voies, composée d'élus, examine les vœux et les demandes formulées par les différents groupes politiques ou à l'issue de consultations locales. Avec l'expertise d'historiens, de chercheurs et de collectifs associatifs, elle décide, ou non, de la légitimité de la demande.

Les membres de la commission travaillent aussi en lien avec les familles et les proches des personnalités honorées, les maires d'arrondissement ou encore les différents adjoints concernés. Il est, entre autres, opportun que le lieu choisi ait "un rapport concret avec la personnalité proposée ainsi qu'avec son parcours et sa biographie", indique ainsi la Ville de Paris sur son site internet. 

Dans le cas de David Bowie, c'est le maire du XIIIe arrondissement qui a proposé le nom de l'artiste. Il n'avait pas d'attache locale mais un lien fort avec Paris. "Sa première représentation en dehors de l'Angleterre, c'était à Paris. Il avait un lien très charnel avec la capitale, c'est là qu'il a demandé sa femme en mariage, il disait très régulièrement qu'il était très attaché à la France et à Paris", précise Jérôme Coumet à France Bleu Paris

Une fois adopté par les membres de la commission et validé par le ou la maire, l’hommage public est soumis au vote des conseillers, dans le cadre d'un conseil municipal. Enfin, la nomenclature officielle des voies est modifiée.

"M. Victor Hugo, en son avenue"

Il est d'usage de retenir les noms de personnes disparues depuis au moins cinq ans. C'est une délibération du Conseil de Paris de 1932 qui le mentionne. Toutefois, la popularité et la notoriété peuvent accélérer le délai. En 2006, à Paris, le parvis de Notre-Dame a ainsi été rebaptisé du nom de Jean-Paul II, décédé un an plus tôt. La place Simone Veil dans le 8e arrondissement a été inaugurée en 2018, là aussi un an après le décès de la femme d'État. 

L'exception la plus célèbre à cette coutume est celle de l'avenue Victor Hugo dans le XVIe arrondissement de Paris. Avenue baptisée ainsi en 1881, c'est-à-dire du vivant de l'auteur qui y a vécu les dernières années de sa vie. Le courrier était donc adressé à "M. Victor Hugo, en son avenue, à Paris."

Rebaptiser, féminiser

Le changement de nom de certaines voies est parfois décidé quand celui-ci se rapporte à une période sombre de l'histoire. Ainsi à Paris, en décembre 2023, le conseil municipal a voté le changement de nom de l'avenue Robert Bugeaud, coupable d’exactions durant la colonisation de l'Algérie, pour la rebaptiser du nom d'Hubert Germain, dernier Compagnon de la Libération décédé en 2021. Quatre autres "débaptisations" ont été en ce sens depuis 2001, indique la mairie de Paris, qui précise que sa volonté n'est pas de nier l'histoire française. Les plaques de l’avenue Bugeaud seront ainsi transférées au musée Carnavalet, pour témoigner de ce moment de l’histoire de la capitale.

Il arrive parfois que seules certaines "portions de voies" soient rebaptisées. Ainsi une portion du Quai Branly, dans les 7e et 15e arrondissements de Paris, a pris le nom de quai Jacques Chirac afin de rendre hommage à l'ancien président de la République. La féminisation des voies est aussi désignée comme objectif ces dernières années. À Paris, depuis 2014, la proportion de voies portant le nom d'une femme a doublé, atteignant 12% aujourd'hui.

Démarches administratives

À chaque changement de nom de rue, les riverains sont accompagnés par la municipalité. Le lien est fait avec les services postaux pour indiquer la double adresse pendant plusieurs mois. Les services de secours sont prévenus. Pour tout ce qui concerne les papiers d’identité, la carte grise et les divers opérateurs, le changement de nom de rue équivaut à un déménagement et les démarches sont gratuites.

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