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"Salles de shoot" : le débat est relancé

Mercredi matin Jean-Marie Le Guen a relancé la polémique sur les "salles de shoot". L'adjoint au maire de Paris demande au gouvernement le feu vert pour ouvrir ce type de salle où la consommation de drogue est supervisée par des personnels de santé. Aussitôt, les oppositions se sont multipliées.
Article rédigé par Clara Beaudoux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Norbert Falco Maxppp)

Pendant la campagne présidentielle, François Hollande faisait part de son intérêt pour "ce genre d'expérimentation". Les "salles de shoot" sont des salles de consommation ou d'injection de drogues, supervisées par des personnels de santé.

"Plus de sécurité sanitaire et sociale"

Pour celui qui a relancé le débat mercredi, l'adjoint au maire de Paris Jean-Marie Le Guen, il faut autoriser ces lieux qui permettraient selon lui de garantir aux drogués "plus de sécurité dans les quartiers concernés"  aussi bien sur la plan sanitaire que social. "Aujourd'hui il y a une urgence ", indique-t-il. "La consommation d'héroïne augmente à Paris. Le nombre de seringues utilisées dans les distributeurs automatiques progresse de 7% au premier semestre 2012 par rapport à la même époque en 2011 et les personnels des associations trouvent davantage de seringues dans les rues ", ajoute-t-il. 

L'exemple suisse

Ceux qui soutiennent cette idée citent les exemples de nos voisins allemands, espagnols et suisses. En Suisse, à Genève, l'association Première Ligne a ouvert une salle de shoot il y a 11 ans. Les toxicomanes  "viennent avec leurs propres produits mais nous fournissons le matériel de consommation stérile ", raconte la directrice de l'association Martine Bodin. "Cela permet à des gens qui ne sont pas encore en mesure d'arrêter, de consommer à moindre risque ", précise-t-elle.

Elle explique que ces salles permettent parfois de faciliter l'hospitalisation des toxicomanes, leur accès aux traitements ou aux structures had hoc, ou encore le rétablissement des liens sociaux. Elle précise également qu'un travail a été fait avec les voisins de cette salle, et qu'ils ont aujourd'hui avec eux "des relations sereines ".

UMP : "C'est légaliser la consommation des drogues"

En 2010, François Fillon s'était montré farouchement opposé au projet. "La priorité du gouvernement est de réduire la consommation des drogues en France, non de l'accompagner voire de l'organiser ", indiquait alors l'ancien Premier ministre.

Mercredi, l'UMP a redit son hostilité au projet. "Ouvrir des salles de consommation de drogues, ce n'est pas lutter contre le fléau de la drogue, c'est banaliser l'usage et c'est légaliser la consommation des drogues les plus dures et cela aux frais des contribuables ! ", s'insurge dans un communiqué Camille Bedin, secrétaire nationale du principal parti d'opposition.

Dans un communiqué distinct, les responsables parisiens de l'UMP, les députés Jean-François Lamour et Philippe Goujon soulignent que pour eux, "la priorité nationale est de prévenir et réduire la consommation, non de l'encadrer ".

Mais à l'UMP, tout le monde n'est pas de cet avis. En 2010, Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, avait déjà émis la même proposition pour créer des salles d'injection supervisées.

FN : une idée "délirante "

"Cette position est aussi délirante qu'irresponsable. Elle constituerait une brèche dans le bannissement de la consommation de la drogue dans notre pays, alors que ses ravages sont plus importants que jamais selon les experts ", écrit le vice-président du FN, Florian Philippot dans un communiqué.

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