"Au moins 706 personnes sont mortes de la rue en 2021", selon un collectif
Julien Ambard, épidémiologiste au sein du collectif Les morts de la rue, précise que ce recensement est "non exhaustif".
"Au moins 706 personnes sont mortes de la rue en 2021" dénombre, mardi 1er novembre, le collectif Les morts de la rue dans son dixième rapport "Dénombrer et Décrire". Il s'agit d'un recensement "non exhaustif", précise sur franceinfo Julien Ambard, épidémiologiste au sein du collectif. Il déplore un "problème de santé, un problème social pour lequel en France on a encore des moyens limités".
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Depuis 2012 ce sont 5 508 personnes qui sont décédées parce que "vivre à la rue tue", précise le collectif qui comptabilise le nombre de personnes qui meurent des conséquences de leur existence passée dans la rue, avec des difficultés pour se soigner, se nourrir et avoir accès à l'hygiène la plus élémentaire.
"Les causes de ces décès sont mal connues" dans 58% des cas
Pour l'année 2021, "39% des décès sont survenus dans la rue, dans le métro, dans un square, dans un parking ; 30% dans un établissement de soins et 12% dans un squat, une voiture, une cabane, dans les parties communes d'un immeuble, dans un garage, dans une cave", détaille le rapport. Selon le collectif, 89% de ces défunts étaient des hommes, morts "en moyenne à 48 ans, soit 31 ans plus tôt que l'âge moyen du décès en population générale". Et parmi ces décès, "620 personnes [étaient] sans chez soi, 81 anciennement sans chez soi et cinq personnes récemment à la rue", explique le collectif sur son site internet.
Si dans 58% des cas, "les causes de ces décès sont mal connues", Julien Ambard assure que lorsqu'elles sont identifiées il s'agit "essentiellement de causes violentes, comme des agressions, des noyades et des suicides". "Ça représente à peu près 30% des décès de 2021", constate-t-il. "42% des décès identifiés" en 2021 ont été recensés en Ile-de-France, selon l'épidémiologiste qui observe que depuis "dix ans, l'Ile-de-France concentre la majorité des décès qu'on identifie".
Julien Ambard ne souhaite pas tirer de conclusion hâtive, rappelant que son collectif est "basé à Paris". "Ça ne veut pas dire que la mortalité en Ile-de-France est plus importante que dans les autres régions, même si on peut le supposer parce qu'il y a une densité de personnes sans domicile plus importante en Ile-de-France", ajoute-t-il.
Le collectif veille à la dignité des funérailles
Julien Ambard explique par ailleurs la méthodologie employée par le collectif Les Morts de la Rue pour établir son rapport annuel, via un système "très informel". "À peu près 20% des décès" sont signalés au collectif par des associations, et notamment des "travailleurs sociaux qui sont sensibles au travail du collectif". L'association constitue son rapport également via des articles de presse "pour 22% des signalements" et "dans 26% des cas" via des partenaires.
Outre ce recensement, le collectif veille aussi à la dignité des funérailles. Une convention avec la mairie de Paris a ainsi été signée. "Pour tous les décès de personnes isolées ou sans chez soi, dont le corps ne sera réclamé par personne, les funérailles sont organisées par la mairie du lieu du décès", relate Julien Ambard. Il salue également le travail des bénévoles du collectif qui tentent de "retracer le parcours du défunt pour lui dresser un hommage" personnalisé "au moment de l'inhumation au cimetière de Thiais" dans le Val-de-Marne.
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