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Se loger, un vrai casse-tête pour de nombreux jeunes

Quitter le nid familial pour voler de ses propres ailes, un doux mirage pour de nombreux jeunes. Pour près de trois quarts des 18-30 ans, se loger aujourd'hui est synonyme de galère. C'est ce que révèle une enquête publiée ce mardi par l'Afev, l'Observatoire de la Jeunesse Solidaire.
Article rédigé par franceinfo
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  (Une enquête publiée ce mardi révèle que 7 jeunes sur 10 ont déjà été confrontés à des problèmes d'accès au logement © MaxPPP)

Mathilde, 24 ans, a dû faire un choix : continuer ses études ou les abandonner pour pouvoir payer son loyer. Lorsqu'elle s'est installée en colocation pour la première fois, les ennuis n'ont pas tardé à commencer.

"J'ai eu mon premier appartement avec une amie. On avait trouvé une colocation : 40 mètres carrés, 1 100 euros, 550 euros chacune à payer. Quand on est étudiant, c'est énorme. C'est à partir de là que les galères ont commencé. La bourse ne suffisait pas du tout à payer le loyer, la nourriture, et tout ce qu'on devait se payer. Donc j'ai pris un travail, 25 heures par semaine. Là, je n'ai pas tenu le coup, j'ai arrêté mes études, je me suis concentrée sur le paiement des loyers. C'était une galère sans nom ."

Travail et études : un cocktail complexe

Selon le sondage réalisé par l'Afev sur un échantillon de 503 jeunes de 18 à 30 ans, même s'ils sont nombreux à avoir quitté la maison familiale (81%), la plupart d'entre eux a une activité professionnelle pour subvenir au loyer et aux autres charges.

Travailler et étudier, une gymnastique qui complique et rallonge souvent le cursus des jeunes, d'après Mathilde.

"Je sais qu'il y en a qui y arrivent. Mais les gens que je connais qui y arrivent, qui sont indépendants financièrement et qui poursuivent leurs études, généralement ils ne vont pas tout droit, et c'est pas bac+5 en 5 années, mais bac+5 en 8 années -9 années, parce qu'il y a des années où les dettes se sont accumulées et ils ont du se concentrer sur leur travail. Ça n'a pas été tout droit, ça n'a pas été un long fleuve tranquille, loin de là ". 

Témoignage de Mathilde : "Les études, le logement, l'indépendance financière, quand on n'a pas de parents et un certain niveau de vie derrière, c'est synonyme de galère"

Un parcours semé d'embuches pour accéder au logement, c'est aussi ce qu'a vécu Sarah. Impossible pour sa mère de se porter garante pour un appartement ou un prêt. Alors dès sa première année d'étude, elle a tenté de s'en sortir seule. "C'était 13 mètres carrés 550 euros, et puis après il y avait les charges, la nourriture... Il faut prévoir 800 euros pour vivre. On est obligé de travailler à plein temps dans ces cas-là, si on n'a pas l'argent de ses parents, moi je suis boursière que de 120 euros, ça m'aurait pas suffi quoi qu'il arrive. J'ai beaucoup travaillé mais c'est mes études qui en ont pâti ". 

Sacrifier le budget alimentation et santé pour pouvoir payer son loyer

Des dégâts côté études donc, mais aussi dans le frigo, qui sonne parfois creux. Comme pour un quart des 18-30 ans, c'est le budget alimentation qui a trinqué, chez Sarah, contrainte de se rendre à l'épicerie solidaire.

"Trop de problèmes d'argent à gérer mon loyer, que je payais toujours en retard ; j'allais à l'épicerie solidaire parce que j'avais plus de bouffe ! C'était ridicule ! A un moment, t'as 18 ans, tu te retrouves avec des vieux à l'épicerie solidaire, qui n'ont plus personne dans leur vie et toi tu te dis : bah non, moi je ne suis pas pareil c'est bizarre ! On devrait, suivant nos revenus et suivant les revenus de nos parents, prendre en charge les gens qui veulent faire des études ".

Sarah : "Quand j'ai commencé les études, j'ai essayé de tout gérer toute seule mais je n'ai pas réussi"

Selon l'Afev, plus d'un jeune sur dix s'est déjà retrouvé sans logement ou en situation précaire.

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