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Anniversaire de l'appel du 18 juin : "On l'a recopié une soixantaine de fois dans la nuit", se souvient le résistant Jean Lafaurie

Alors qu'Emmanuel Macron préside dimanche matin les commémorations au Mont-Valérien (Hauts-de-Seine) pour les 83 ans de l'appel du 18 juin du général de Gaulle, le résistant Jean Lafaurie confie son histoire.
Article rédigé par Marion Ferrère
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Jean Lafaurie, ancien résistant, devant sa maison de Seine-et-Marne. Juin 2023 (MARION FERRERE / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

C'était il y a 83 ans, jour pour jour. En pleine occupation de la France par l'Allemagne nazie, le général de Gaulle prononce l'appel du 18 juin depuis Londres. "Personne, pratiquement, n'a entendu cet appel. Les gens n'écoutaient pas la radio anglaise, et en plus à cette époque seuls les riches avaient la TSF", recontextualise Jean Lafaurie. Cet habitant de Souillac dans le Lot avait alors 17 ans.

Aujourd'hui, à 99 ans, sa mémoire reste intacte. Un ami lui a transmis, sous le manteau, une version publiée dans un journal marseillais : "On a passé une nuit à recopier cet appel sur des pages d'un cahier, on l'a fait une soixantaine de fois à peu près. Il fallait faire vite, car nous voulions que ce soit distribué dans la nuit."

L'appel du 18 juin, déclencheur de son engagement dans la résistance

Jean Lafaurie rejoint ensuite le maquis en Corrèze, où il est arrêté et emprisonné à la centrale d'Eysses (Lot-et-Garonne). Il tente alors de s'échapper avec d'autres hommes. Douze résistants sont fusillés et 1200 dont Jean Lafaurie, sont envoyés au camp de concentration de Dachau. "Il y a un type complètement fou qui nous reçoit en nous disant 'vous êtes entrés par la porte, vous sortirez par la cheminée des fours crématoires", se souvient-il. "On ne comprenait pas ce que ça voulait dire, car on ne savait pas tout des camps de concentration." Jean Lafaurie survit, onze mois, dans des conditions épouvantables.

"Lorsque les Américains ont libéré le camp, je pesais 34 kilos."

Jean Lafaurie

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Il souhaite alors raconter l'horreur des camps. Mais Jean Lafaurie n'arrive pas à faire entendre l'indicible : "Ma mère me dit un jour qu'elle aimerait garder une trace écrite de mon arrestation. Je commence à lui parler de Dachau, et au bout de trois pages elle me dit d'arrêter, que tout cela n'est pas vrai." Son mutisme va alors durer quarante ans.

C'est à la retraite, en 1983, qu'il libère sa parole. Il écrit trois livres, et surtout sillonne les routes de France pour se rendre dans les écoles : "Il ne faut pas oublier cette période-là, et les enfants sont très demandeurs. Pendant, longtemps, j'ai fait 80 interventions par an". Cette année encore, il s'est rendu dans une dizaine d'établissements scolaires pour témoigner. Il a même écrit une pièce de théâtre, dans laquelle il joue et dont trois dates sont prévues prochainement.

83 ans de l'appel du 18 juin : "on l'a recopié une soixantaine de fois dans la nuit", se souvient un résistant

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