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En Suisse, la limitation à 80 km/h est "entrée dans les mœurs depuis longtemps"

Cette limitation fait partie d'un ensemble de mesures adoptées par la Suisse pour réduire le nombre d'accidents mortels. En juin 2017, le pays a reçu le prix européen de la sécurité routière. 

Article rédigé par Carole Bélingard
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une route de montagne en Suisse, le 15 octobre 2015. (ALEXANDER VILF / RIA NOVOSTI / AFP)

Les automobilistes suisses ont déjà levé le pied depuis longtemps. Le gouvernement français devrait annoncer, mardi 9 janvier, l'abaissement à 80 km/h de la limitation de vitesse sur les routes secondaires, au lieu de 90 km/h. L'association 40 millions d'automobilistes crie à la "répression routière", mais l'habitude a été prise depuis 1985 de l'autre côté des Alpes, sur les routes "hors localités".

"C'est entré dans les mœurs depuis longtemps", explique Ferdinand Chevallay, expert au Conseil suisse de la sécurité routière, à franceinfo. Il reconnaît tout de même que la limitation n'est pas toujours très respectée, notamment sur l'axe routier "à forte visibilité" entre Berne et Lausanne. "Mais il n'y a absolument pas l'idée que ça puisse changer", ajoute-t-il. D'ailleurs, 72% des Suisses sont favorables à la limite de vitesse de 80 km/h hors localité, seulement 22% y sont opposés et 6% ne se prononcent pas, selon une étude réalisée en 2016 par le Bureau de prévention des accidents et communiquée à franceinfo.

"Cette législation fonctionne très bien"

La principale association d'automobilistes, l'Automobile Club de Suisse (ACS) ne souhaite pas remettre en cause cette limitation. "Cette législation fonctionne très bien, explique Fabien Produit, secrétaire général d'ACS, à franceinfo. On en est satisfaits." "Après, nous allons toujours défendre tout ce qui permet de fluidifier le trafic. Si une élévation de la limitation de vitesse le permet, tout en maintenant la sécurité routière, pourquoi pas, mais la sécurité routière reste pour nous un point central", poursuit-il.

En 2015, une initiative populaire pour une élévation de vitesse sur les autoroutes de 120 à 140 km/h, soutenue par l'ACS, s'est d'ailleurs soldée par un échec, rapporte La Tribune de Genève. La pétition n'a pas réuni les 100 000 signatures nécessaires pour que le texte soit soumis à une votation populaire.

Une diminution des accidents mortels

En France, le gouvernement envisage cette mesure pour diminuer la mortalité. "Si pour sauver des vies, il faut être impopulaire, j'accepte de l'être", a ainsi affirmé Edouard Philippe dans le JDD. Qu'en est-il en Suisse ? "Dès 1988, nous avions réalisé une étude sur l'impact de la mesure sur la mortalité, détaille Nicolas Kessler, du Bureau de prévention des accidents, pour franceinfo. On était arrivé à la conclusion que cela avait diminué les accidents mortels et les blessés graves."

La Suisse fait d'ailleurs figure de modèle en la matière. En juin 2017, le pays a reçu le prix européen de la sécurité routière, comme le relaie La Tribune de Genève. En 1985, 908 personnes ont été tuées sur les routes helvétiques, contre 327 en 2010 et 216 en 2016. Néanmoins, Nicolas Kessler précise que la limitation à 80 km/h n'est pas le seul outil qui a permis d'améliorer la sécurité routière : "Cela fait partie d'un ensemble de mesures mises en place au fil des années, comme la lutte contre l'alcoolémie, contre les excès de vitesse..."

Cette place de bon élève de la sécurité routière, la Suisse la doit aussi à la "mentalité" des habitants du pays, selon Ferdinand Chevallay. "Quand je viens en France, je suis toujours effaré par l'agressivité sur les routes et les comportements irrespectueux des automobilistes envers les piétons ou les vélos par exemple", confie-t-il.

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