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Limitation à 80 km/h : la Fédération française des motards en colère dénonce "une sécurité routière contre les usagers de la route"

Jean-Marc Belotti, coordinateur de la Fédération française des motards en colère, a expliqué, samedi sur franceinfo, les motivations de sa colère contre l'abaissement de la vitesse maximale autorisée sur les routes du réseau secondaire de 90 à 80 km/h.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
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Des motards en colère manifestent contre la limitation à 80 km/h à Montpellier (Hérault), le 3 février 2018. (MAXPPP)

Plusieurs milliers de motards manifestent un peu partout en France, samedi 3 février, pour protester contre le projet d'abaisser la vitesse maximale autorisée sur les routes du réseau secondaire de 90 à 80 km/h. Jean-Marc Belotti, coordinateur de la Fédération française des motards en colère, a estimé, sur franceinfo, que cette mesure se fait "contre" les usagers de la route et non "pour". Selon Jean-Marc Belotti, la sécurité routière en France est basée sur une logique "poussiéreuse" et nécessiterait de se "remettre en question" pour être réellement efficace.

franceinfo : Pourquoi cette colère contre un abaissement de la vitesse, qui est pourtant gage de sécurité ?

Jean-Marc Belotti : La baisse à 80 km/h est l'un des éléments de la très mauvaise gestion de la sécurité routière. On manifeste parce que cela suffit de faire une sécurité routière contre les usagers de la route et non pour les usagers de la route. On arrive à 3 500 morts, on ne réussit pas à descendre en deçà. Il faut donc que la sécurité routière se remette en question et qu'elle voit bien que ce n'est plus avec des radars ou des voitures bourrées d'électronique pour traquer les automobilistes et les motards qu'on va y arriver. À un moment donné, il faut passer à autre chose, changer de braquet, et par exemple avec de la pédagogie, de la formation, des changements d'infrastructure. Il y a beaucoup de choses qui font que la sécurité routière peut s'améliorer sur nos routes.

Malgré tout, plus on va vite, plus on prend de risque, donc cet abaissement n'est-il pas compréhensible ?

Moins on va vite, moins on prend de risque. Effectivement, si on met tout le monde à 50 km/h y compris sur les autoroutes, on n'aura plus de problème. Sauf que là on nous parle d'une baisse de 90 à 80, c'est complètement inadapté. Ce n'est pas ça qui va changer beaucoup de choses. Monsieur Edouard Philippe nous dit que ça va "économiser" 300 à 400 vies, il s'appuie sur une espèce de théorie qui a été éditée il y a 40 ans, mais sur le terrain ça ne se passe pas comme ça. Si on parle de la vitesse à 80 km/h, vous savez que tous les véhicules de gabarits différents, camions, autobus, transports en commun, voitures, motos, vont tous être à la même 80 km/h sur la même voie et ça, ça va poser un vrai problème. Un camion n'a pas du tout la même distance de freinage qu'une moto ou qu'une voiture. Quand vous êtes derrière un camion avec une moto ou une voiture vous n'avez plus de visibilité, et donc, à un moment donné, pour les doubler, il va falloir se mettre en excès de vitesse. C'est facile de dire "on baisse la vitesse", mais la sécurité routière et gagner des vies ce n'est pas que ça. Dans les autres pays européens, ils ont moins de mortalité que chez nous, pourquoi ? Il faudrait peut-être aller voir chez ces gens-là.

Il y a certains pays où la vitesse abaissée a plutôt bien marché non ?

Non pas vraiment. Au Danemark, ils ont remonté la vitesse de 80 à 90 parce que ça n'avait rien de probant. En France aussi, on a fait une expérimentation sur trois tronçons et ça n'a rien donné. Si ça avait donné quelque chose, le gouvernement se serait hâté de donner les chiffres. Or, là, on ne les a toujours pas. Aujourd'hui, vous savez, les usagers de la route quand ils sortent leurs voitures ils ont l'impression de partir à la guerre et de tomber dans une embuscade.

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