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Mortalité routière : Emmanuel Barbe appelle "ceux qui cassent les radars" à être "conscients de leurs responsabilités"

Alors que le nombre de morts sur les routes a augmenté en mars, le délégué interministériel à la sécurité routière a assuré vendredi sur franceinfo que la limitation de vitesse à 80 km/h n'était pas "un échec". 

Article rédigé par franceinfo
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Le délégué interministériel à la sécurité routière, Emmanuel Barbe, le 2 octobre 2015 à Paris.  (ERIC FEFERBERG / AFP)

La mortalité routière a augmenté de 7,3% au mois de mars 2019, par rapport à mars 2018, selon les estimations de l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), publiées vendredi 19 avril. 250 personnes sont mortes sur les routes le mois dernier, contre 233 en mars 2018, soit 17 personnes tuées de plus.

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"Ceux qui ont détruit les radars, qui sont d'abord des biens publics, ont une responsabilité absolument accablante. Ils ont provoqué des morts", a affirmé vendredi 19 avril sur franceinfo Emmanuel Barbe, le délégué interministériel à la sécurité routière. Il assure aussi qu'en dépit de la hausse du nombre de tués, "l'effet de baisse des vitesses moyennes provoqué par le 80 km/h perdure", mais n'est pas "aussi fort" qu'espéré.

franceinfo : Comment expliquer cette hausse spectaculaire du nombre de tués ?

Emmanuel Barbe : À mon avis, deux facteurs peuvent être mis en avant. En mars, il a fait doux, il a fait beau. Donc cela a probablement suscité un trafic supérieur. Et je crois qu'il y a une autre chose, que tout le monde voit très clairement, c'est que la forte dégradation et destruction du parc des radars, même si on a tenté de les réparer, a un impact incontestable sur les comportements. Il y a un petit peu un effet carnaval. Après, il faut être prudent dans l'interprétation des chiffres. Je pense qu'il faut surtout se dire qu'au moment où beaucoup de Français vont prendre la route, il faut se rappeler qu'on meurt sur les routes. Ce n'est pas de la blague, ce n'est pas virtuel. C'est quand même 250 morts le mois dernier. C'est considérable.

Est-ce que ce n'est pas aussi une sorte d'échec de la limitation de la vitesse à 80 km sur les routes ? Le Premier ministre avait promis une baisse du nombre de morts.

Le Premier ministre avait promis une baisse, mais n'avait pas demandé qu'on détruise la plupart des radars ou qu'on les dégrade. Il va de soi qu'aujourd'hui les comparaisons sont très difficiles parce que nous n'avons plus le même réseau. Ceux qui ont détruit les radars, qui sont d'abord des biens publics qui ont été construits et entretenus avec de l'argent public, ont une responsabilité absolument accablante. Ils ont provoqué des morts. Donc, parler d'échec est d'autant moins possible. Ce qu'on constate, c'est qu'en dépit de cela, l'effet de baisse des vitesses moyennes provoqué par le 80 km/h perdure. Il n'est pas du tout aussi fort que ce qu'on aurait pu espérer. Mais il perdure. Donc la mesure continue à avoir de l'effet. Je n'aime pas dire les choses comme ça, mais ça pourrait être pire.

Il y a quand même une sorte de renversement des valeurs. Un radar, pour ne pas être flashé, il suffit de respecter les vitesses. Je note que 80% des permis de conduire ont 12 points. Donc il y a quelque chose ici de paradoxal à dire que les 80 km/h seraient une cause légitime de la destruction des radars. Il faut faire attention aux glissements sémantiques par rapport à cela. Il n'y a jamais rien de légitime au fait de détruire un radar. En réalité ce radar les protège et a contribué fortement à les protéger. Et la preuve par le sang, c'est que quand ils ont commencé à être détruits et abîmés, on a revu une hausse des morts.

Je dis qu'il faut remettre des radars. C'est une motivation de plus pour vous dire qu'on ne fait pas ça pour l'argent. Mais on le fait parce que nous avons le sentiment que, nos routes sans radar, c'est un peu, passez-moi l'expression, comme si on était à poil en termes de sécurité. Si on les casse, on ne va pas s'arrêter pour cela de les remettre. Que ceux qui cassent les radars soient conscients de leurs responsabilités terribles. Je ne mâche pas ses mots.

Est-ce le fait qu'il y avait moins de forces de l'ordre sur le bord des routes ces derniers mois, compte tenu du fait qu'ils étaient occupés par les "gilets jaunes", n'a pas aussi joué ?

Je crois qu'on tient le problème par les deux bouts. En effet les radars ont été détruits et les forces de l'ordre ont été occupées à d'autres choses. Donc on voit bien qu'à ce moment-là, on a eu une augmentation du nombre de morts. Malheureusement je peux difficilement blâmer les forces de l'ordre qui font un travail de très grand dévouement. Oui bien sûr cela à jouer. Mais je peux vous assurer qu'il y aura des "bleus" sur les routes ce week-end. Évidemment il va faire beau, les routes seront belles, seront sèches. Et on va penser, à tort, que c'est à ce moment-là que les routes sont sûres et c'est exactement l'inverse qui se produit. 

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