Hausse de la mortalité routière : Chantal Perrichon plaide pour la généralisation "des contrôles à bord de voitures banalisées"
Alors que la mortalité routière est en hausse de près de 8% en mars, la présidente de la Ligue contre la violence routière a réagi vendredi sur franceinfo. Pour elle, le gouvernement français doit adopter les modèles anglais et belges des "contrôles fantômes".
"C'est désespérant mais absolument pas étonnant", a lâché vendredi 18 avril sur franceinfo, Chantal Perrichon, la présidente de la Ligue contre la violence routière, alors qu'on assiste à un 3e mois de hausse consécutif du nombre de morts sur les routes, une augmentation de 7,3% en mars. 250 personnes ont été tuées le mois dernier, selon les chiffres publiés de la Sécurité routière. Pour Chantal Perrichon, il ne faut plus "remplacer les radars fixes par des radars fixes qui sont irrémédiablement détruits par les casseurs". Il faut généraliser "les contrôles à bord de voitures banalisées qui circulent sur l'ensemble des routes où on peut contrôler la vitesse".
franceinfo : Commente expliquer cette nouvelle hausse de la mortalité sur les routes après la baisse historique de l'année dernière ?
Chantal Perrichon : C'est désespérant mais absolument pas étonnant. Tant qu'il n'y aura pas de changement du côté de la direction de la Sécurité routière qui continuera à remplacer les radars fixes par des radars fixes qui sont irrémédiablement détruits par les casseurs. Tant que ces politiques obsolètes seront maintenues, nous assisterons impuissants à l'augmentation du nombre de morts chaque mois. Il est clair que lorsqu'il n'y a pas de contrôles, il y a un relâchement des comportements et c'est ce que nous observons actuellement. Nous n'avons cessé de dire depuis des mois et des mois qu'il fallait faire en sorte que les contrôles soient à bord de voitures banalisées qui circulent sur l'ensemble des routes où on peut contrôler la vitesse, mais nous n'arrivons pas à l'obtenir. Visiblement il y a une obstination qui est criminelle de continuer sous prétexte qu'il y a eu un marché de passé, or on peut toujours dénoncer un marché au nom de l'intérêt public. Nous le regrettons, il faut mettre en place des contrôles invisibles pour obtenir qu'à nouveau les conducteurs sachent qu'ils doivent respecter les limitations de vitesse.
L'arrivée des nouveaux radars, des modèles plus performants qui sont installés, les radars tourelles, ce n'est pas une mesure suffisante ?
Ce n'est largement pas suffisant car ces radars tourelles dont on nous parlait depuis très longtemps, nous savions bien évidemment qu'immédiatement ils seraient détruits. Ce qui est le cas. Ils ont été mis en place et ils sont été détruits. Soit on a dérobé l'intérieur en haut de ce mât de quatre mètres, on a parfois dérobé le radar. Soit ils ont été brûlés, soit ils ont été abattus. Ça ne change rien. Il faut arrêter avec tous ces systèmes et copier le modèle anglais. En Angleterre ils ont compris qu'il fallait faire des contrôles invisibles avec des voitures banalisées. Nous pouvons également utiliser le modèle qui est utilisé en Belgique, des contrôles invisibles avec des boitiers en haut des ponts, dans les arbres qui font qu'à tout moment le conducteur peut imaginer qu'il peut être contrôlé.
La Sécurité routière parle aussi de la météo printanière qui aurait pu favoriser les déplacements en voiture. Donc il pourrait y avoir une cause conjoncturelle ?
On peut effectivement parler de la météo. Elle joue bien sûr mais elle n'explique pas cette remontée à laquelle nous assistons impuissants depuis qu'il y a eu cette destruction systématique des radars. Nous payons très cher. Nous le payons le prix du sang le fait que des gens estiment qu'il s'agit d'un jeu et que les radars c'est la sortie de la nuit et qu'on s'amuse avec cela.
La hausse du nombre de morts sur les routes concerne principalement les cyclistes +8%, les piétons +5%. Ce ne sont pas les conducteurs de voitures les plus touchés...
Oui mais rappelez-vous en 2002-2003 lorsqu'il y a eu la mise en place des premiers contrôles, sanctions automatiques, nous avons assisté à la baisse de la mortalité pour les voitures, mais aussi à une baisse de la mortalité pour l'ensemble des usagers. Quand la vitesse baisse pour les véhicules, tout le monde en bénéficie. Lorsqu'il y a eu la mise en place des premiers radars, les piétons n'allaient ni plus vite ni plus lentement. En ville on voit qu'il y a un relâchement que l'on peut observer parce que les gens pensent que nous sommes dans une période où tout est possible et imaginable.
Ce que nous reprochons également c'est l'ambiguïté du président de la République. Cette façon qu'il a de dire, pour une mesure [la limitation de la vitesse à 80km/h] qui pourrait bénéficier à l'ensemble des Français, de dire qu'on peut toujours en discuter, qu'il n'y a pas de dogme, cette absence de cohésion sur un point précis sur un domaine qui est extrêmement important, cette ambiguïté nous la payons. Ce que nous attendons aujourd'hui, c'est de vivre une période comme celle que nous avons vécue en 2002-2003, où il y avait un tandem président-Premier ministre qui était en accord sur la politique de sécurité routière. Nous l'attendons maintenant de façon à voir à nouveau les chiffres baissés en ce qui concerne la sécurité sur les routes.
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