Nouvelles voitures Renault bridées à 180 km/h : "La mesure en elle-même ne va pas servir à grand-chose", objecte la Prévention routière
La déléguée générale de l'association incite plutôt le groupe automobile à rendre impossible à désactiver le dispositif d'adaptation de la vitesse Lavia, approuvé par le Parlement européen en 2019, et qui devrait équiper les nouveaux modèles de voitures d'ici l'an prochain.
Les nouvelles Renault, quel que soit le modèle, "seront bridées à 180 kilomètres/heure pour éviter les accidents", a annoncé vendredi le directeur général du groupe automobile, Luca de Meo. La vitesse "représente plus d'un tiers des causes d'accidents mortels", a-t-il ajouté. "La mesure en elle-même ne va pas servir à grand-chose", a objecté mardi 27 avril sur franceinfo Anne Lavaud, déléguée générale de l'association Prévention routière.
franceinfo : Que pensez-vous de cette décision ?
Anne Lavaud : La mesure en elle-même ne va pas servir à grand-chose puisque le réseau sur lequel on peut rouler le plus vite en France ce sont les autoroutes et elles sont limitées à 130 km/h. Si on roule à 50 km/h de plus, on a affaire à un délit, c'est ce qu'on appelle les grands excès de vitesse. Si vous êtes bridés à 180 km/h et que vous circulez à 60 km/h dans une zone 30, cela ne changera pas grand-chose si un enfant sort avec un ballon devant vous.
Peut-on parler d'effet d'affichage ?
Le fait de pouvoir, quand on est constructeur automobile, annoncer qu'on bride la vitesse cela démontre que psychologiquement ce n'est plus le marqueur social qu'il pouvait être il y a encore 20 ou 30 ans. Cela veut dire qu'il y a des évolutions qui ont été faites dans l'imaginaire collectif par rapport à cette vitesse. Mais techniquement, sur des questions de sécurité routière, ce sujet-là n'est pas le bon, il y en a d'autres.
De quoi Renault devrait-il s'occuper au lieu de réduire la vitesse ?
Il devrait s'occuper du Lavia qui est un dispositif qui permet à la voiture d'adapter sa vitesse à la limitation de vitesse de la zone où elle circule. Ce système a été approuvé par le Parlement européen en 2019 dans le cadre de directives qui imposent un certain nombre de dispositif de sécurité que les constructeurs devront mettre à partir de 2024 sur les véhicules neufs et à partir de 2022 sur les nouveaux modèles.
"Aujourd'hui, il y a tout un lobby pour faire en sorte que ce Lavia soit juste un avertisseur sonore qui avertira le conducteur qu'il roule trop vite. Autant vous dire que dès que ce système peut être désactivé, il le sera par les conducteurs."
Anne Lavaud, déléguée générale de l'association Prévention routièreà franceinfo
Il faudrait que l'application des textes se fasse avec des dispositifs plus efficaces.
Que souhaiteriez-vous ?
Il faut mettre en place ces dispositifs, de préférence sur tous les véhicules qui sortent et pas uniquement sur les nouveaux modèles. Dans 25 ans, ce sera comme l'ABS et les autres technologies qui nous ont aidés pour la sécurité routière, tout le parc sera adapté.
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