Tricastin : la fuite radioactive en a-t-elle caché d'autres ?
A priori, ça va mieux au Tricastin. Après la fuite radioactive survenue le 7 juillet dans un bac de l'usine de traitement de la Socatri, tout semblait en voie de rentrer dans l'ordre.
Les préfectures du Vaucluse et de la Drôme ont en effet allégé leurs mesures de protection. Le périmètre d'interdiction de l'utilisation d'eau issue d'ouvrages privés se limite à une bande de 100 mètres de part et d'autre des rivières La Gaffière et Le Lauzon. Par contre, l'interdiction de la pêche, de la baignade et d'autres activités nautiques restent étendues à une plus vaste zone.
Pas assez sage précaution ? Car la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad) et l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) tirent à nouveau la sonnette d'alarme. Plusieurs prélèvements révèlent des teneurs d'uranium plus élevées que la norme, sans que cela puisse s'expliquer par la fuite de la semaine dernière. Ainsi, selon le journal Le Monde qui dévoile l'affaire, sur un point de prélèvement situé dans la nappe phréatique à deux kilomètres de la Socatri, la teneur en uranium, qui a grimpé à 64 µg/l après la fuite du 7 juillet, était encore de 36,6 µg/l le 13 juillet. Des valeurs étranges compte-tenu de la vitesse de diffusion de l'uranium. Ailleurs, les concentrations sont dix fois supérieures à la normale.
Conclusion de l'IRSN : il pourrait y avoir eu d'autres rejets d'uranium -non signalés- avant la fuite du 7 juillet. La Criirad est encore plus affirmative.
Et de mettre en cause la Socatri et l'Autorité de sûreté nucléaire pour leur manque de transparence. Ce week-end, la Criirad n'avait toujours pas reçu les mesures qu'elle avait demandées à la Socatri au lendemain de la fuite. La Socatri n'a en effet pas brillé par son souci d'information durant toute l'affaire. Si l'ASN a fini par lever la fermeture partielle du site du Tricastin, il lui aura tout de même fallu élever le ton pour que ses prescriptions soient appliquées. Quant au non respect présumé des procédures d'alerte après l'incident, des enquêtes administratives et judiciaires ont été lancées.
Quoiqu'il en soit, une commission locale d'information doit se réunir vendredi à Valence pour essayer de mieux comprendre l'origine de ces taux d'uranium suspects.
Grégoire Lecalot, avec agences
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