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Une hausse spectaculaire de votre facture d'électricité est-elle inéluctable ?

FRANCE - Les prix de l'électricité, déjà élevés, vont flamber ces 15 prochaines années, selon un rapport rendu mercredi par des sénateurs. Est-ce inévitable ? FTVi vous répond.

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
La facture moyenne d'un ménage français va s'alourdir de 50% d'ici 2020 pour atteindre 1 307 euros par an, selon un rapport de sénateurs rendu le 18 juillet 2012. (JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP)

Les prix de l'électricité, déjà élevés, vont flamber ces quinze prochaines années, selon le rapport des sénateurs de la commission d'enquête sur le coût réel de l'électricité, présenté mercredi 18 juillet. La facture moyenne d'un ménage français va s'alourdir de 50% d'ici 2020 et atteindre 1 307 euros par an, contre 874 euros en 2011. Est-ce inévitable ? 

OUI

• Parce qu'entretenir les centrales coûte cher

En France, grâce au nucléaire, l'électricité est une des moins chères d'Europe. Mais après la catastrophe de Fukushima, l'Autorité de sûreté nucléaire a imposé aux centrales françaises des travaux de maintenance supplémentaires. Les frais annuels d'entretien des 58 réacteurs français devraient donc doubler jusqu'en 2025. Dans leur rapport (PDF), les sénateurs évaluent leur coût à 54,20 euros par mégawattheure.

Ce chiffre représente plus que l'évaluation publiée par la Cour des comptes début 2012, à 49,50 euros. Au total, EDF a estimé les investissements à 10 milliards d'euros au maximum. Pour le rapporteur écologiste de la commission d'enquête, Jean Desessard, ces investissements seront beaucoup plus lourds. "On peut parler de 400 milliards d'euros à horizon de vingt ans." Pour lui, l'entretien des réseaux d'électricité est capital :

Jean Desessard , Sénateur EE-LV (FTVi / France 2)

• Parce que EDF s'ouvrira à la concurrence en 2015

Comme FTVi vous le disait en février, aujourd'hui, c'est l'Etat français qui fixe les tarifs EDF. Mais sous la pression de Bruxelles et depuis la loi Nome ("nouvelle organisation du marché de l'électricité", en vigueur depuis juillet 2011) visant à ouvrir le marché à la concurrence, ces tarifs réglementés pourraient disparaître dès 2015. Cette prérogative reviendra alors à la Commission de régulation de l'énergie.

La loi Nome a permis de fixer à 42 euros le prix du mégawattheure. Mais si EDF y perd trop, il faudra revoir à la hausse les tarifs.

• Parce que la taxe dite CSPE augmente

Créée en 2000 et acquittée par tous les consommateurs, la Contribution au service public de l'électricité (CSPE) permet de financer les surcoûts liés au développement des énergies renouvelables, la production d'électricité en Corse et en outre-mer, le tarif social dit de "première nécessité" et le budget du médiateur national de l'énergie.

Conformément à la loi de finances rectificative pour 2011, la CSPE a été revue à la hausse en juillet 2012, et pourrait encore augmenter. Elle est fixée à 10,50 euros HT par mégawattheure depuis le 1er juillet et jusqu’au 31 décembre 2012. Conséquence : elle engendre une évolution moyenne de la facture d’électricité équivalente à 1,8% de la facture HT, selon EDF

NON

• Parce que l'Etat espère encore pouvoir réglementer les tarifs

Pour éviter que les prix flambent, le gouvernement a proposé lundi 9 juillet une limitation à l'inflation, soit 2%, de la hausse des tarifs du train, du gaz et de l'électricité, dès le 1er août. Le Conseil supérieur de l'énergie et la Commission de régulation de l'énergie ont été saisis de ce projet pour avis. "Les tarifs seront effectifs au lendemain de la publication de l'arrêté au Journal officiel, attendue le 20 juillet", avait alors indiqué la ministre de l'Ecologie et de l'Energie, Delphine Batho. En plus de cette limitation de la hausse des tarifs, une proposition de loi sur les tarifs du gaz et de l'électricité devrait être présentée en septembre.

"Les prix sont déjà réglementés. Pourquoi ne pas les réglementer davantage, si cela peut faire reculer les prix ?", estime Thierry Saniez, délégué général de l'association Consommation, logement et cadre de vie (CLCV), contacté par FTVi.

• Parce qu'un forfait pourrait être mis en place pour les familles modestes

Près de huit millions de Français ont du mal à faire face à l'augmentation de leur facture d'électricité. Il existe déjà un tarif de "première nécessité", qui permet de soustraire 90 euros d'une facture. Mais l'association Conso France propose, en plus, la mise en place d'une "somme forfaitaire, financée par la solidarité nationale et par un effort des entreprises d'énergie, comme Veolia et Suez", pour les ménages en difficulté. Elle se prononce aussi pour la création d'un pôle public de l'énergie, qui permettrait de maîtriser la politique tarifaire, précise Marc Lagae, vice-président de Conso France, joint par FTVi. 

Ces idées, assez politiques, sont aussi défendues par la sénatrice Mireille Schurch, représentante du groupe Communiste, républicain et citoyen (CRC) au sein de la commission d'enquête. Elle est la seule à avoir voté contre le rapport présenté mercredi, et propose avant tout de revoir la facturation de l'électricité. Sans se perdre dans les détails : la sénatrice estime que cela doit être arbitré dans le cadre d'une large concertation.

• Parce qu'on peut changer sa façon de consommer

Pour réduire la facture, les auteurs du rapport, eux, encouragent à économiser l'énergie, comme le soulignent Les Echos. Radiateurs et plaques de cuisson électriques et autres appareils électroménagers "pourraient être remplacés par des dispositifs fonctionnant au gaz par exemple", a indiqué à Public Sénat le président de la commission, l'UMP Ladislas Poniatowski. "Il est indispensable de modifier nos habitudes", renchérit un membre de la commission.

"Les solutions avancées restent assez simples : un système de bonus/malus pour les appareils électriques, afin d'inciter les consommateurs à bouder les équipements énergivores. Egalement, un alourdissement de la législation sur l'isolation thermique du bâti, en sanctionnant notamment 'l'inaction énergétique' et en finir avec le gaspillage", précise Public Sénat.

"Il faut effectivement réfléchir à la manière dont on peut aider la population à faire des investissements et des travaux dans leur logement, pour éviter le gaspillage énergétique et les surcoûts", ajoute Thierry Saniez, de CLCV. Il promeut aussi les "compteurs électriques intelligents". L'installation de compteurs Linky est déjà prévue entre 2013 et 2018. Ils permettront aux fournisseurs d'énergie d'effectuer les relevés des compteurs à distance, mais sont jugés inutiles pour le consommateur par certaines associations. 

Pour l'instant, ces pistes ne sont que des propositions. En attendant le grand débat sur l'énergie qui s'ouvrira à l'automne, avec pour objectif d'arrêter des décisions durables.

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