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Ils ont fait l'actu. Que devient Sandra Muller, la journaliste française à l’origine de #BalanceTonPorc ?

Le 15 octobre dernier, #BalanceTonPorc vit ses premières heures sur les réseaux sociaux/ Le mot clef va rapidement devenir viral. Dans la foulée de l'affaire Harvey Weinstein, cet appel à dénoncer le harcèlement sexuel recueille des centaines puis des milliers de témoignages. C'est une journaliste française, Sandra Muller, elle-même victime de harcèlements, qui est à l'origine de l'initiative.

Article rédigé par Sébastien Baer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Sandra Muller, journaliste basée à New York.
 (Samuel Demey)

En quelques heures, quelques jours, la parole se libère. Des milliers de femmes témoignent des gestes déplacés ou des agressions verbales subies dans la rue, dans les transports ou sur les lieux de travail. Des actrices et des personnalités relaient l'initiative et  #BalanceTonPorc apparaît dans de nombreux pays. Dix mois après avoir lancé ce mot clef, Sandra Muller qui vit à New York, reste étonnée de l'ampleur de ce mouvement : "Quand je l'ai créé, c'était vraiment un coup de colère individuel. Il se trouve que c'est devenu un coup de colère collectif très rapidement, moins de six heures. C'était un hashtag qui a été écrit comme n'importe qui peut créer un message sur n'importe quels réseaux sociaux que ce soit Facebook, Twitter. Cela a été vraiment un coup de colère qui finalement a été partagé par des milliers de femmes très rapidement. Je ne pensais absolument pas qu'en France cela provoquerait un tel tsunami."

Des témoignages positifs

Sandra Muller : "Au départ, cela a été plutôt positif. J'ai eu beaucoup de consoeurs qui sont venues me parler et j'ai reçu des messages de partout. On en est à 850 000 depuis que ça a été lancé. Ça a fait vraiment office de libération de la parole. Les réactions négatives, il n'y en a pas eu tant que ça et j'insiste on a beaucoup d'hommes derrière nous, 40% derrière le hashtag, parce que les femmes ont parlé mais sans les hommes on n'y arrivera pas.

J'ai vraiment compris quand le "Time Magazine" a décidé de nous consacrer "Person of the year"

Sandra Muller

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Sandra Muller : "J'ai compris qu'il se passait vraiment quelque chose. Je pense que le hashtag a été repris – MeToo, BalanceTonPorc – quelques temps après dans 85 pays. J'ai reçu des coupures de presse d'Inde, de Turquie. J'ai répondu à des radios colombiennes. J'ai vraiment compris que c'était un mouvement international en dialoguant avec mes confrères et qui reprenaient les interrogations de ces 85 pays et là, on monte une association qui s'appelle 'We work safe' pour lire les messages et tenter de venir en aide à certaines femmes qui m'ont écrit."

Sandra Muller répond à ceux qui dénoncent une chasse aux sorcières et une forme de délation à travers #BalanceTonPorc : "C'est dommage de tout confondre. Ce n'est absolument pas le cas. Dans les commissariats, lorsqu'il y a des plaintes, il y a moins de 3% de fausses plaintes, donc, considérer que les personnes qui parlent sont des mythomanes, ce n'est pas souhaitable. C'est traumatisant, c'est un système qui est assez violent, qui secoue pas mal de gens mais ça secoue surtout ceux qui ont des choses à se reprocher. Donc c'est une minorité mais une minorité qui est encore trop bruyante à mon goût."

Pas de risque d'essouflement

Sandra Muller : "En France, il est contesté mais aux Etats-Unis, il y a une personne qui tombe par jour depuis ce mouvement, soit un sénateur, soit un député, c'est continuel. Donc si on considère qu'aux Etats-Unis, qui est regardée par la France, cela ne va pas s'essoufler, on peut imaginer qu'il y aura toujours une partie de ping-pong entre les deux pays. C'est une seconde révolution des femmes."

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