: Reportage Violences faites aux femmes : faute de moyens et face à l'augmentation des appels, une association ferme temporairement son standard téléphonique
L'association nationale Women Safe & Children tire la sonnette d'alarme face à un afflux massif de demandes d'accompagnement de femmes et d'enfants victimes de violences. Selon les derniers chiffres du ministère de l'Intérieur, les services de sécurité ont enregistré 208 000 victimes de violences commises en France en 2021 par leur partenaire ou ex-partenaire, soit une augmentation de 21% par rapport à 2020.
Un rendez-vous trois semaines après l'appel
Face aux demandes d'aides, mais sans moyen supplémentaire, cette association, pionnière dans l'accompagnement pluridisciplinaire se voit dans l'obligation de fermer temporairement son standard téléphonique dans les Yvelines. "Nous n'attendrons pas le 8 mars (journée internationale des droits des femmes) pour appeler à l'aide", dit-elle dans un communiqué.
A LIRE & PARTAGER | "Nous n'attendons pas le #8mars pour appeler à l'aide!" @FrederiqueMartz lance un appel d'urgence aux #entreprises et à l'Etat https://t.co/5irdJTfXQD @MarleneSchiappa @RomeIsabelle @EmmanuelMacron
— Women Safe & Children (@womensafe_isg) March 1, 2023
L'association n'a plus les moyens d'accueillir de nouvelles victimes. Le standard est donc remplacé par un message sur le répondeur qui encourage à envoyer un mail. Women Safe & Children reçoit 12 000 appels par an. "À partir du moment où la femme appelle, on ne lui donne un rendez-vous que trois semaines plus tard, déplore la directrice générale Frédérique Martz. Ce n'est pas envisageable aujourd'hui, surtout dans le domaine des violences où, nécessairement, la prise en charge doit être beaucoup plus courte en terme de temps d'accueil."
203 victimes de plus qu'en 2021
L'association a d'ailleurs atteint sa capacité maximale d'accueil. L'an dernier, elle a accueilli 203 victimes de plus qu'en 2021. Aujourd'hui, elle estime ne plus avoir les moyens de faire un travail de qualité. "La situation n'est plus tenable", alerte Frédérique Martz. "On parle beaucoup des victimes, mais on ne parle jamais des professionnelles qui sont à bout de souffle. Si on est à ce stade-là, c'est aussi parce que l'afflux est trop important", regrette la directrice.
Les professionnelles réalisent aussi qu'elles ne font pas un "travail qualitatif qui fait partie de l'engagement auprès des victimes", selon elle. Et de conclure : "Nous, on a envie de voir les situations aboutir". Cette association lance donc un appel aux entreprises et à l'État pour l'aider à faire face à cette situation de saturation inédite.
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