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Violences faites aux femmes : "Il ne peut plus y avoir de victimes sans coupables", lance la présidente du Haut Conseil à l'Égalité entre les femmes et les hommes

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Article rédigé par franceinfo
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Pour Sylvie Pierre-Brossolette, invitée de franceinfo mercredi, la priorité est de revoir "toute la chaîne" de traitement des violences faites aux femmes, "du signalement à la condamnation éventuelle".

"La justice a été trop longtemps du côté des hommes", déclare d'emblée Sylvie Pierre-Brossolette, quand on l'interroge sur le traitement des violences faites aux femmes. La présidente du Haut Conseil à l'Égalité entre les femmes et les hommes (HCE), invitée de franceinfo mercredi 22 février, estime qu'il "ne peut plus y avoir de victimes sans coupables". Le gouvernement lui a confié une mission pour accélérer la lutte contre les violences sexuelles et pour une meilleure prise en charge.

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franceinfo : Chaque année, 100 000 femmes se disent victimes de viols ou de tentatives de viols, et seulement 1 000 hommes sont condamnés. Comment l'expliquer ?

Sylvie Pierre-Brossolette : C'est toute la chaîne qui part du signalement des femmes victimes à la condamnation éventuelle, et très rare, de ces crimes qui pose problème. Pour les femmes, c'est une double peine, elles sont victimes et le crime reste impuni. Il faut prendre en charge beaucoup mieux les victimes, les inciter à signaler les viols ou tentatives de viols dont elles sont victimes. Beaucoup restent chez elles, parce qu'elles ont peur d'être mal accueillies, pas crues, c'est un premier énorme problème.
Ensuite, il y a le problème du recueil des preuves. Il faut les inciter à porter plainte très vite pour pouvoir recueillir les preuves qui permettraient de ne pas classer le dossier et de poursuivre jusqu'à une condamnation. Et puis, il y a l'accompagnement judiciaire de ces affaires. Souvent, les policiers et magistrats ne sont pas assez formés à la question du viol, la notion de consentement, d'emprise. Jusqu'ici, la justice a été trop longtemps du côté des hommes. En disant "il n'y a pas de preuves", "c'était il y a trop longtemps", "Madame, vous divaguez, vous l'avez peut-être un peu cherché". Ce n'est plus tolérable. Il ne peut plus y avoir de victimes sans coupables. Si ç'avait été des hommes, la question aurait été réglée depuis longtemps.

Quel est le premier maillon à améliorer ?

C'est de recueillir le signalement. Il faut aider les femmes à pouvoir aller dans un endroit sécurisé, parce que le commissariat n'est pas toujours un bon accueil, même si j'espère que ça va le devenir. Il peut y avoir des Maisons des femmes, où tout est réuni, l'équipe médicale pour recueillir des preuves, l'équipe juridique pour accompagner la victime dans son dépôt de plainte, l'accompagnement psychologique parce que les femmes sont traumatisées. Il faudrait une maison de ce type par département. Toutes ces affaires classées sont une gifle pour les victimes qui sont venues témoigner.

Faut-il aussi faire évoluer la loi ?

Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans le système. Il faut regarder ce qui ne colle pas, ce qui n'est plus adapté. Il y a par exemple la convention d'Istanbul que la France a ratifié, et qui prévoit d'intégrer la notion de consentement dans les textes en vigueur, ça n'a pas été fait, et peut-être qu'il faut le faire. Je vais consulter les associations, les juristes, toutes les parties prenantes pour essayer d'arriver vite à des solutions efficaces. Ce n'est plus possible. C'est aussi une question de moyens supplémentaires, comme en Espagne, pour les Maisons des femmes dans chaque département par exemple. Mais c'est fondamental pour que les femmes puissent porter plainte en toute sécurité et sécurité juridique. Ensuite, il y a la formation des policiers et gendarmes pour recueillir les plaintes, faire correctement les questionnaires et les procès-verbaux. Ils doivent être bienveillants. Enfin, les magistrats qui doivent juger doivent avoir un code pénal clair, qui permet de donner raison à la victime.

Votre mission sera différente du grenelle ?

Le grenelle était concentré sur les violences conjugales. Ça se recoupe, car il y a beaucoup de viols conjugaux, qui passent d'ailleurs souvent à la trappe alors qu'ils devraient être condamnés. Mais tout cela est très récent. La libération de la parole est récente, le fait qu'un gouvernement s'en occupe à ce niveau-là aussi. Il faut le temps. Malheureusement, les viols n'attendent pas et c'est pour cela que j'essaierai de faire au plus vite. Et pour cela, il faudra évidemment des moyens, comme le réclament les associations depuis longtemps.

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