Violences faites aux femmes : "C'est un bon signe" de généraliser la possibilité de porter plainte à l'hôpital d'ici fin 2025, salue une avocate
"C'est un bon signe qui est envoyé en cette veille de Journée de lutte contre les violences faites aux femmes, ça existe déjà depuis un moment, mais il faut que ce soit généralisé", réagit dimanche 24 novembre sur franceinfo Michelle Dayan, avocate spécialiste en droit de la famille, présidente de l’association Lawyers for Women, alors que le gouvernement annonce la généralisation du dispositif qui permet aux femmes victimes de violences conjugales de porter plainte dans chaque hôpital doté d'un service d'urgence ou d'un service gynécologique d'ici la fin de l'année 2025.
"Ce qui est intéressant c'est que la plainte aille à la femme et pas que la femme aille à la plainte. Se déplacer, aller au commissariat, pousser la porte d'un cabinet d'avocats c'est toujours difficile. Pouvoir déposer plainte là où elles se trouvent parce qu'elles n'ont pas le choix alors qu'elles sont à l'hôpital. On est là où elles sont, c'est la loi qui vient vers elles car elles ont tant de mal à aller vers la loi", salue-t-elle.
Quelque chose "pour elles et pas contre l'autre"
Dans les hôpitaux où le système existe déjà, "c'est plus facile parce qu'il y a au moins cette espèce d'appréhension de se présenter devant la police. Elles ont souvent peur de ne pas être crues, de mettre les doigts dans un engrenage en pensant que leur mari va aller en prison, en réalité ça arrive rarement qu'un homme aille en prison, quand il tape sa femme pour la première fois", se désole Michelle Dayan. "À l'hôpital, elles se sentent en sécurité, c'est le lieu de la santé, des soins. C'est un officier de police judiciaire qui peut dans ces conditions-là recueillir leurs plaintes, elles se sentent en sécurité, en confiance, c'est quelque chose qu'elles font pour elles et pas contre l'autre", détaille l'avocate.
Cette généralisation nécessitera des moyens, il faudra des officiers spécialisés pour se déplacer dans les hôpitaux, alors qu'"on a déjà un stock de plaintes non traitées ahurissant. Il faudra des moyens pour que ce ne soit pas que des effets d'annonce, il faudra des moyens réels d'une politique publique qu'on veut mener", insiste Michelle Dayan. "Il faudra des moyens aussi au niveau de la justice, il faut recruter plus de procureurs et faire des parquets spécialisés qui ne font que ça", plaide-t-elle.
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