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Violences faites aux femmes : qu'est-ce que le collectif #RelèveFéministe, qui dénonce "une omerta" au sein des partis politiques ?

Le mouvement, qui s'est formé sur Twitter après que le député Adrien Quattenens a reconnu des violences conjugales dimanche, critique "un système de protection des agresseurs" à travers la classe politique.

Article rédigé par franceinfo
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Des manifestantes lors de la journée internationale des droits des femmes, le 8 mars 2022 à Toulouse (Haute-Garonne). (LILIAN CAZABET / HANS LUCAS)

Une tribune dans Libération et une présence massive sur Twitter. Voilà comment le collectif #RelèveFéministe, qui dénonce "un système de protection des agresseurs, tous partis confondus", est né mardi 20 septembre. Il estime qu'une "omerta (...) perdure grâce à des complicités, des comportements identifiés et une lâcheté connivente". Franceinfo revient sur la création de ce collectif féministe qui cible les organisations politiques.

Le déclic remonte à la soirée du dimanche 18 septembre. Quelques heures après le communiqué du député insoumis Adrien Quatennens, où l'élu nordiste admet avoir "giflé" son épouse avec laquelle il est en instance de divorce, de nombreuses militantes décident d'exprimer leur colère. "On s'est réunies avec 150 militantes afin de montrer que des femmes refusent qu'il y ait des hommes violents à la tête de nos partis", explique Marie Coquille-Chambel.

Un collectif uniquement composé de femmes

Cette membre du collectif #RelèveFéministe, par ailleurs à l'origine du mouvement #MeTooThéâtre, raconte avoir été "écœurée de voir la manière dont certains cadres de La France insoumise ont pris la défense d'Adrien Quatennens". Elle vise sans le nommer Jean-Luc Mélenchon, qui a soutenu dans un premier temps le coordinateur de La France insoumise, visé par une enquête judiciaire pour des soupçons de violences conjugales, sans avoir de mot pour sa compagne.

Le collectif juge ainsi qu'"aucune organisation militante ne peut raisonnablement considérer qu'elle n'est pas concernée""Puisque les hommes semblent incapables de faire mieux, il est temps de passer la main", plaide-t-il dans une tribune signée par plus de 500 militantes féministes. La porte-parole socialiste Gabrielle Siry-Houari, l'élu écologiste Alice Coffin ou encore la journaliste Elsa Wolinski figurent parmi les signataires.

"On veut faire le tri dans les partis et changer la manière dont les partis protègent les agresseurs et les personnes accusées de violences sexuelles et sexistes."

Marie Coquille-Chambel, membre de #RelèveFéministe

à franceinfo

L'ancrage "politique" du collectif, de "gauche et d'extrême gauche", est assumé. Tout comme sa "non-mixité". La tribune n'a en effet été signée que par des femmes et des personnes trans. "Si on souhaite une relève féministe, il faut des femmes à la tête des institutions", avance Marie Coquille-Chambel. Alors qu'Adrien Quatennens s'est mis en retrait de ses fonctions au sein de La France insoumise, le collectif demande lui sa démission.

Interpeller les partis politiques de tous bords

La France insoumise n'est d'ailleurs pas le seul mouvement politique à être visé. Un message interpellant Europe Ecologie-Les Verts a ainsi été partagé des centaines de fois par des internautes grâce au hashtag #RelèveFéministe, après les accusations de Sandrine Rousseau. La députée écologiste a dit lundi avoir reçu chez elle une femme accusant Julien Bayou, le secrétaire national du parti, de "comportements de nature à briser la santé morale des femmes". 

"Comment s'assurer que les militantes soient en sécurité ? Aucune mesure ne semble avoir été prise, pourquoi ?"

Le collectif #RelèveFéministe

dans un message interpellant Europe Ecologie-Les Verts

Un autre message, lui aussi relayé de nombreuses fois sur Twitter, interpelle La France insoumise et sa cellule contre les violences sexistes et sexuelles à propos du député Thomas Portes, qui aurait fait l'objet d'un signalement en juillet selon Mediapart.

"On nous accuse d'être un tribunal populaire, mais il y a une différence entre un tribunal et nous. On veut juste visibiliser des affaires en respectant la présomption d'innocence."

Marie Coquille-Chambel, membre de #RelèveFéministe

à franceinfo

Le collectif envisage de mener des actions et d'interpeller régulièrement les partis politiques pour "demander des comptes". Le prochain sur la liste sera Renaissance, le parti de la majorité présidentielle.

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