Vol d'explosifs à Miramas : la sécurité en question
Depuis deux ans, le 4e régiment du matériel de l'Armée de terre tire la sonnette d'alarme sur le niveau de sécurité du site de Miramas. Le long d'une route, les bâtiments où sont stockées les munitions ont l'apparence de petites maisons, réparties sur un terrain de 250 hectares. Il n'y a pas de murs pour protéger le site, seulement deux enceintes de barbelés, entre lesquelles patrouillent des militaires. La sécurité repose essentiellement sur ces rondes, car la vidéosurveillance ne quadrille pas l'ensemble de la zone.
Les malfaiteurs étaient bien renseignés
En période de restriction budgétaire, il faut faire des choix et le matériel stocké n'était pas suffisamment sensible pour faire de ce site une priorité en terme d'investissements. Un enquête a été ouverte. Elle devra révéler notamment si, en raison des vacances, mais aussi de la canicule, les conditions de sécurité avaient été allégées le week-end dernier.
Une chose est sûre, ceux qui ont fait le coup étaient très bien renseignés. Seuls les baraquements où se trouvaient des explosifs ont été visités. La question de complicité interne est donc posée. Huit ou neuf bâtiments du site ont été visités et 150 détonateurs et pains de plastic emportés.
Un manque de moyens évident
Ce vol est "très révélateur de l’Etat de dégradation de non mise à niveau de l’armée. Cela fait 25 ans que les budgets de la Défense décroissent à un rythme extrêmement rapide. Il a donc fallu rendre des arbitrages, faire des choix, " explique le Général Vincent Desportes, professeur associé à Sciences Po. Il y a quelques mois, le ministre de la Défense rappelait qu’il y avait 700 points noirs dans les armées sur lesquels il fallait agir d’urgence et "il y avait des problèmes sécuritaires. "
"L’argent va d’abord aux opérations", déplore le Général Vincent Desportes. "Avant on gardait Miramas avec des soldats permanents, mais maintenant ils sont partout. On a donné la protection de ces sites à des sociétés civiles qui ont de moins en moins de personnel. Donc cela s’est dégradé. "
Lors du vol, ce sont des militairse qui gardaient Miramas. "On n’avait pas assez de militaires pour organiser une garde permanente. On continue à enlever des effectifs dans les armées et donc c’est problèmes-là vont continuer à se poser. "
"La sécurité passive doit être une priorité "
Le ministère de la Défense a annoncé, d'ici 15 jours, une évaluation de la protection de tous les sites militaires qui stockent des munitions. Il y a 6 ans, les deux tiers de ces sites étaient inspectés, 80% aujourd'hui pour tenir compte de l'augmentation de la menace terroriste. Cependant, le dégré de sécurisation de ces sites n'a pas été augmenté. De fait, les voleurs n'ont eu qu'à donner un coup de tenaille dans du fil de fer barbelés. C'était la seule séparation physique entre la route et les baraquement contenant les munitions.
Thibaut de Montbrial, président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure, a déjà une petite idée de ce qui, d'après lui, s'impose : "il faut des chicanes de sécurité devant les zones militaires sensibles, au moins deux postes de tirs qui puissent prendre en tirs croisés la zone d'accès. Il faut comprendre que la sécurité passive est une priorité sinon nous allons avoir un drame épouvantable ".
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