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Immigration : ce que proposent les candidats

A dix mois de l'élection présidentielle de 2012 , les partis et les prétendants à l'Elysée précisent leur ligne politique et prennent position sur ce sujet sensible, longtemps tabou pour la gauche.
Article rédigé par Benoît Zagdoun
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Un manifestant brandit un poster d'une personne expulsée lors d'un rassemblement le 29 mars 2010 à l'appel d'une quinzaine d'associations près du nouveau centre de rétention administrative du Mesnil-Amelot (AFP)

A dix mois de l'élection présidentielle de 2012 , les partis et les prétendants à l'Elysée précisent leur ligne politique et prennent position sur ce sujet sensible, longtemps tabou pour la gauche.

  • UMP : il serait "irresponsable de ne pas agir"

Le secrétaire général de l'UMP réunissait, début juillet, une convention sur l'immigration pour riposter aux attaques de la gauche et du Front national contre la politique migratoire du gouvernement. Avec la collaboration du ministre de l'Intérieur Claude Guéant, Jean-François Copé a remis une série de 23 propositions.

Premier volet : l'international. L'UMP préconise de "relancer l'Union pour la Méditerranée pour une gestion concertée des migrations", de "concentrer l'aide au développement dans les pays du Sahel" ou de créer un poste de commissaire européen à l'Immigration.

Mesures plus concrètes au niveau national… Le parti présidentiel souhaite renforcer l'arsenal législatif. Par exemple en conditionnant "les prestations sociales au respect du contrat d'accueil", par lequel les immigrés s'engagent notamment à apprendre le français.

L'UMP suggère également le passage de 45 jours à deux mois la durée de détention des clandestins et l'augmentation de 25 % du nombre de places dans les centres de rétention administrative.

Pour écarter tout risque de polémiques sur les chiffres de l'immigration, l'UMP souhaite "fusionner tous les instituts statistiques" dans un nouvel "Institut national des études statistiques", qui remplacerait l'Insee, l'Ined et la Dares. À charge pour ce nouvel institut de chiffrer "le coût de l'immigration" et de "moderniser les procédures de recensement".

  • PS : l'alliance délicate de l'humanisme et de la fermeté

Dans son programme pour 2012, le PS axe sa politique migratoire autour de 4 piliers : la lutte contre les employeurs qui ont recours au travail clandestin et contre les trafiquants, le vote, tous les trois ans, d'une loi d'orientation et de programmation, élaborée en concertation avec les partenaires sociaux et les territoires qui assurent l'accueil et l'insertion des migrants, la création d'un contrat d'accueil et d'intégration, fondé sur des obligations réciproques et insistant sur la maitrise de la langue et la compréhension des droits et des devoirs républicains, et enfin, le droit de vote aux étrangers aux élections locales.

Mais au sein du PS, deux candidats à la primaire se démarquent et tiennent un discours plus dur... Manuel Valls ne se dit "pas choqué par le fait que l'on reconduise à la frontière des migrants en situation clandestine. Ils n'ont pas vocation à rester sur le sol français.", ajoute-t-il. "Je pense que la gauche doit être aussi très claire sur cette question-là."

Le député-maire d'Evry entend donner la "priorité à l'intégration de ceux qui sont sur notre sol, des régularisations sur la base de critères clairs, mais aussi des reconduites à la frontière dans des conditions humaines et respectueuses de la loi."

de la part de Ségolène Royal... "Je pense que nous ne devons pas faire d'exception au principe de refus d'une immigration illégale", déclare l'ancienne candidate de 2007. "L'immigration illégale doit être fermement combattue. Pourquoi, parce que l'immigration illégale pèse sur les catégories qui sont déjà les plus fragilisées de notre société et en particulier les immigrés qui sont ici légalement, en situation régulière dans notre pays, les catégories populaires, les Français aussi qui souffrent de la précarité et de la baisse des salaires", explique-t-elle.

  • FN : la politique d'immigration actuelle, "à l'origine de la plupart des maux dont souffre notre pays"

Au Front National, l'immigration était le premier thème abordé par le programme pour la présidentielle de 2007. Le projet du FN pour 2012 n'est pas encore publié mais la présidente du mouvement d'extrême-droite a déjà eu l'occasion de s'exprimer sur le sujet. Marine Le Pen estime que deux mesures peuvent être prises immédiatement : l'arrêt de la réduction des effectifs de policiers et de gendarmes et "la suppression de toutes les pompes aspirantes de l'immigration."

La fille de Jean-Marie Le Pen propose "la mise en place d'un moratoire total sur l'immigration légale." Elle souhaite la limiter à 10.000 entrées annuelles, au bout de cinq ans. "Alors que nos finances publiques sont en déliquescence et que nous avons 5 millions de chômeurs, on ne peut plus se permettre de faire entrer chaque année sur notre territoire une population équivalente à celle de la ville de Rennes.", argue Marine Le Pen.

Autre souhait de la présidente du FN : "Celui qui est venu chercher du travail en France et qui, après un certain nombre de mois, n'en a pas trouvé, on doit pouvoir lui dire : Monsieur, vous n'avez pas trouvé d'emploi dans notre pays, il faut que vous rentriez chez vous."

  • Europe Ecologie-Les Verts : "l'immigration est une chance"

Le programme d'Europe Ecologie-Les Verts est encore en cours d'élaboration. Mais la politique d'immigration du parti s'articule autour de l'idée que "la migration des peuples à travers la France et l'Europe doit se faire librement et sans contraintes." Pour Eva Joly, la candidate écologiste à la présidentielle, "l'immigration est une chance", "porteuse de multiples richesses et de tolérance".

Les mesures phares d'EELV vont de la régularisation de tous les sans-papiers à la procédure de naturalisation, en passant par la mise en place d'une politique d'accueil et de suivi des arrivants, notamment dans l'apprentissage de la langue.

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