Cet article date de plus de trois ans.

GP de Monaco : Charles Leclerc, à la recherche du grand frisson à domicile

Jusqu'à présent maudit sur ses terres en F1, le pilote Ferrari espère rebondir dimanche lors de la 78e édition du GP de Monaco.

Article rédigé par Xavier Richard, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Charles Leclerc et sa Ferrari sur le circuit monégasque le 20 mai 2021. (ANDREJ ISAKOVIC / AFP)

Charles Leclerc n'arrive pas en terrain conquis au Grand Prix de Monaco, cinquième manche du championnat du monde de Formule 1. Pas en réussite à domicile, le pilote de la Scuderia Ferrari rêve de connaître enfin le grand frisson ce week-end, des sensations et surtout un premier podium. Cela commence samedi 22 mai avec les qualifications si importantes ici.

Cultiver son jardin, c'est tout un art. Fine fleur de la Formule 1, Charles Leclerc a beau connaître les rues et les bosses de la principauté par cœur, il continue de se prendre les pieds dans le macadam. En quatre courses (deux en F2 et deux en F1), le Monégasque n'a jamais vu l'arrivée. Excès de malchance comme d'envie, le pilote fait un complexe du Rocher. Son échec en 2019 reste le plus symptomatique à ce jour.

Au cours d'une saison, sa première chez Ferrari, qui l'a vu remporter deux courses, Leclerc était passé au travers de son Grand Prix national. Parti 15e sur la grille après une Q1 désastreuse, sa remontée avait pris fin dans un contact au huitième tour avec la Renault de Nico Hülkenberg à la Rascasse. Victime d'une crevaison à l'arrière droit, son ultime tour avait fini d'éparpiller sa gomme, ses espoirs et quelques morceaux du fond plat de sa monoplace. 

À trop vouloir en faire sur un circuit où les dépassements sont aussi rares qu'un week-end sans rayure sur la carrosserie de Nikita Mazepin, il s'était grillé les ailes. "Ce n'est pas le week-end que j'imaginais mais je ne peux rien y changer", reconnaissait-il, penaud après son abandon. "C'est dommage que cela arrive chez moi, sur une piste où cela ne double pas. Je vais vivre avec."

L'an passé, Leclerc a vécu sans son Grand Prix à domicile. Au regard des performances de sa Ferrari, c'est à se demander si l'annulation de l'édition 2020 n'était pas un soulagement pour lui. Mais cette saison en enfer marquée du fer rouge du Covid n'a pas été que négative. Le pilote s'est bonifié, non pas sur son talent pur, mais plutôt sur la gestion de ses performances et son approche de la course. Preuve en est, jeudi, il s'est montré le plus rapide des deux premières séances d'essais libres.

Sa maturité pourrait lui permettre d'éviter les embûches aperçues en principauté ou dans la Q2 du Grand Prix d'Azerbaïdjan 2019 lorsqu'il avait fracassé sa monoplace dans les rails avant de se qualifier de "stupide" à la radio. Monaco, comme tout circuit en ville, n'autorise aucune erreur. Et ce n'est pas pour déplaire à Leclerc.

"D'une manière générale, je préfère les circuits en ville parce que j'adore tutoyer la limite sans avoir le droit de la dépasser", clame-t-il dans une entretien à Nice-Matin mardi. "À Monaco, les rails de sécurité et les murs sanctionnent le moindre écart. C'est ce défi qui me fait vibrer. Débouler dans ces rues à de telles vitesses procure des sensations incroyables, indescriptibles. J'aime ce frisson unique."

Pas de miracle à Sainte-Dévote

Sa Ferrari redevenue compétitive, au moins pour une place dans le top 5, Charles Leclerc débarque à Monaco en cinquième position du championnat du monde. Il n'a échappé à personne que les Rouges étaient de retour sous l'impulsion de leur leader.

"Il ne fait aucun doute que la SF21 est une voiture nettement meilleure que celle de l'an dernier", analysait Ross Brawn, directeur technique de Ferrari de 1997 à 2006 et manager sportif de la F1, à l'issue du GP d'Espagne où le Monégasque a pris la quatrième place. "Leclerc en tire la quintessence et même plus à chaque fois qu'il monte dans la voiture. Il ne faudra pas longtemps pour que Ferrari ne frappe à la porte du top 2."

Depuis trois courses, Leclerc flirte déjà avec le podium là où se situe "la place de la Scuderia Ferrari en F1", et "tout en haut de préférence" avance-t-il. Dans cette saison de transition, le Monégasque n'oublie pas que les occasions seront rares. "Pas de miracle à attendre", confirme le pilote qui sait son équipe technique presque entièrement tournée vers 2022 et une monoplace qui devra répondre à un nouveau règlement technique. Une priorité partagée par toutes les équipes.

Mais à Monaco, le talent du pilote peut encore faire la différence d'un ou deux dixièmes. La course se jouera en partie samedi lors de qualifications sous haute tension, souvent les plus folles de la saison. "La place au départ, elle se joue sur un tour rapide, en Q3, explique Leclerc. Si tout va bien pour eux (Mercedes et Red Bull), ce sera quasi impossible de les challenger."

S'immiscer en deuxième ligne serait un exploit mais la Ferrari, dont le déficit de puissance sera moins handicapant sur le tortillard princier, aura une carte à jouer. Toute la Principauté rêve d'un successeur à Louis Chiron, seul pilote monégasque à s'être imposé à domicile, en 1931. Un souvenir qui ornera le casque de Charles Leclerc ce week-end en Principauté pour, enfin, briser sa malédiction sur le Rocher.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.