F1 : ce que le départ de Lewis Hamilton vers Ferrari va changer pour la Formule 1
Quelques heures de tempête et le paysage de la Formule 1 est redessiné. Jeudi 1er février, Mercedes a confirmé le départ à la fin de cette saison de Lewis Hamilton, septuple champion du monde, dont six fois avec la firme allemande. Dans la foulée, Ferrari a mis fin à un secret de Polichinelle en confirmant la venue du Britannique à partir de 2025, pour "plusieurs années".
Ce transfert, que personne ou presque n'avait vu venir quarante-huit heures plus tôt, a fait l'effet d'une déflagration, un coup de vent terrible sur toute la discipline. Et ce, à bien des égards. La saison 2024 n'a pas encore débuté (le 3 mars, GP du Bahreïn) que la suivante est déjà bouleversée.
Hamilton, la quête d'éternité
Lewis Hamilton n'a pourtant plus grand-chose à prouver. Légende absolue de la F1, pilote le plus victorieux en Grands Prix (103 succès), son histoire ne semblait plus encore à écrire chez Mercedes, où il était arrivé onze ans plus tôt. Il lui reste toutefois un but inachevé à un tour près, celui d'être le pilote le plus titré du championnat du monde de Formule 1. Avec ses sept couronnes, Hamilton partage encore le trône avec Michael Schumacher. Et après le crève-cœur du dénouement de la saison 2021, les deux derniers opus ont semblé sceller ce rêve, la faute à une Mercedes mal née, pliant comme les autres face à la domination écrasante de Red Bull. "Le moment est venu pour moi de franchir cette étape et je suis ravi de relever un nouveau défi" a expliqué le pilote jeudi.
Pour y parvenir, Lewis Hamilton arrivera chez Ferrari un an avant la mise en place d'un nouveau règlement technique, en 2026. Exactement ce qu'il avait su faire en arrivant chez Mercedes en 2013, un an avant une évolution majeure – les moteurs V6 turbo hybrides – qui avait ouvert une période d'hégémonie des Flèches d'argent.
"Je ne sais pas si le changement réglementaire sera si important que ça, mais avoir un pilote de pointe comme Lewis sera un atout de plus, analyse notre consultant Cyril Abiteboul, ancien directeur de l'écurie Renault et président de Hyundai Motorsport en rallye. Annoncer très tôt une stratégie pilote avec un nom de ce type-là, c'est annoncer un niveau d'ambition au plus haut. C'est une spirale vertueuse pour attirer les bons ingénieurs, les mécaniciens, les meilleurs des meilleurs… S'il y avait le moindre doute sur Ferrari, il n'y en a plus."
Une saison 2025 déjà palpitante…
Voir l'un des plus grands pilotes de tous les temps rejoindre l'écurie la plus légendaire, "c'est une nouvelle super intéressante pour ce sport, qui a une dynamique extraordinaire, estime Cyril Abiteboul. Mais les dynamiques, il faut les entretenir. Il y a toujours un risque de tourner en rond avec la domination de Max Verstappen et de Red Bull. Il y avait besoin d'une nouvelle tête d'affiche pour créer une menace."
Dans la machine à storytelling qu'est devenue la Formule 1 ces dernières années, ce transfert sera la grande histoire à suivre. Celle d'une quête de gloire inachevée. Celle aussi d'un Lord britannique sur les traces du Baron rouge de chez Ferrari. Pour se donner une dernière chance de laisser Michael Schumacher et ses sept titres mondiaux dans le rétroviseur, Lewis Hamilton poursuit sa filiation avec l'Allemand, dont il avait pris la suite chez Mercedes en 2013, avant de désormais chercher à connaître pareil succès avec l'écurie au cheval cabré.
Mais contrairement à "Schumi", débarqué au sommet de sa carrière du côté de Maranello au sein d'une formation en reconstruction, Lewis Hamilton effectuera ses débuts chez Ferrari à 40 ans. "Fernando Alonso [42 ans] montre bien qu'on est encore jeune en F1 à cet âge-là, tempère Cyril Abiteboul. Et Ferrari n'est pas en recherche de construction, mais d'aller chercher des résultats et des titres. C'est une stratégie pour maximiser ces résultats. L'écart en 2023 entre Max Verstappen et Sergio Pérez chez Red Bull montre à quel point on peut avoir une très bonne voiture mais que deux pilotes peuvent en faire un usage et avoir des résultats très différents. On ne peut pas en vouloir à Ferrari de vouloir mettre toutes les chances de son côté."
Et un mercato 2024 encore plus croustillant
Ce transfert intervenu aussi tôt dans la saison va aussi ajouter davantage de piment au mercato pour la saison prochaine, qui n'en manquait pourtant pas avec 13 des 20 pilotes du plateau en fin de contrat. "Hamilton chez Ferrari, c'est un domino absolu, compare notre consultant Cyril Abiteboul. Il y a un enchaînement : Ferrari bouge, puis Mercedes va devoir bouger, même Red Bull devra s'interroger pour son deuxième pilote. Personne ne peut se dire épargné par cette annonce choc. Les écuries qui se veulent être de pointe vont devoir réagir rapidement."
Le directeur de l'écurie Mercedes, Toto Wolff, a beau avoir annoncé vendredi vouloir "prendre son temps" pour remplacer son pilote vedette, il a aussi qualifié la situation d'"opportunité de faire quelque chose d'audacieux." Pour certains pilotes, c'est l'occasion ou jamais de mettre la lumière sur eux en début de saison afin de convaincre un nouvel employeur. C'est notamment le cas chez Alpine avec Pierre Gasly et Esteban Ocon, candidats aux baquets Red Bull et Mercedes. Mais aussi des jeunes promesses tricolores Théo Pourchaire (parti piloter en Super Formula au Japon après son titre de champion du monde de Formule 2) et Victor Martins (F2), qui ne devront pas manquer leurs opportunités au jeu des chaises musicales.
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